Serons-nous 9 milliards en 2050 ?

Dans les pays riches industrialisés, à l’exception des Etats-Unis où les populations immigrées entretiennent une hausse de la démographie, le renouvellement des générations n’est plus assuré. « La population continue de croître mais à un rythme ralenti », résume le démographe Thomas Buettner, auteur du rapport des Nations Unies sur les « Projections démographiques mondiales (1950-2050) » présenté jeudi 24 février.Selon cette étude, neuf milliards d’êtres humains peupleront la Terre en 2050, contre 6,5 milliards actuellement. Cet accroissement revient à ajouter à la population mondiale actuelle les populations combinées de la Chine et de l’Inde, souligne la division de la population des Nations unies. La tendance générale est toutefois à un ralentissement de la croissance démographique par rapport aux progressions des vingt à cinquante dernières années, ce qui tend à confirmer une lente stabilisation de la population globale.
D’ici à 2050, l’Inde aura dépassé la Chine en tête de la liste des pays les plus peuplés de la planète, et ces deux pays représenteront environ 50 % de la population mondiale (contre 40 % aujourd’hui). Sans surprise, la croissance démographique sera la plus élevée dans les pays pauvres qui éprouvent déjà des difficultés à assurer la sécurité alimentaire de leur population.
« La planification des naissances et une fécondité en baisse expliquent cette différence », souligne le rapport de l’ONU.

Triplement en Afghanistan, au Mali…

La propagation de la pandémie du sida, qui réduit l’espérance de vie dans des proportions considérables, contribue également à ce ralentissement. En Afrique australe, l’espérance de vie est passée de 62 ans dans les années 1990-1995 à 48 ans pour la période 2000-2005.
Dans les pays riches industrialisés, à l’exception des Etats-Unis où les populations immigrées entretiennent une hausse de la démographie, le renouvellement des générations n’est plus assuré. Dans ces conditions, la population de ce groupe de pays, d’actuellement 1,2 milliard de personnes, ne devrait pas augmenter d’ici à 2050 – l’ONU prévoit même une baisse démographique en Allemagne, en Italie, au Japon, en Russie et dans d’autres Etats issus de l’éclatement de l’Union soviétique.
« Ils entrent dans une zone inédite dans l’histoire de l’humanité », relève Hania Zlotnik, directrice de la division de la population, rattachée au département des affaires économiques et sociales.
« La mortalité est basse et la fécondité extrêmement basse. »

A l’inverse, la population des pays pauvres devrait passer de 5,3 à 7,8 milliards d’habitants d’ici à 2050, expliquant à elle seule l’explosion démographique attendue par l’ONU. Et les taux de croissance démographique les plus élevés se retrouvent dans les pays les moins avancés, où le contrôle de la natalité est pratiquement inexistant et où les familles de cinq enfants sont la norme.
En Afghanistan, au Burkina Faso, au Burundi, au Congo-Brazzaville et en République démocratique du Congo, au Timor-Oriental, en Guinée-Bissau, au Liberia, au Mali, au Niger, en Ouganda et au Tchad, les populations devraient tripler dans les 45 prochaines années.
Or ces pays sont précisément ceux « qui ne sont pas en mesure de fournir une alimentation et un logement suffisants à leurs populations », insiste Hania Zlotnik. De plus, dans chacun de ces pays, les études démontrent que les femmes souhaiteraient avoir moins d’enfants si elles en avaient le choix.

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