Bienfaits et défis de l’urbanisation

Quatre spécialistes des questions urbaines ont tenté de démontrer, au cours dune conférence de presse tenue au Siège de lONU à New York le 8 avril 2008, les bienfaits de lurbanisation tout en en reconnaissant les défis. Les experts, qui sexprimaient dans le cadre de la quarante et unième session de la Commission de la population et du développement, ont prévenu des risques économiques liés à toute mesure qui viserait à contrarier le caractère « irréversible » de ce phénomène.Pour la première fois de lhistoire de lhumanité, la moitié de la population du monde vivra en zone urbaine, a-t-il été rappelé hier, à la Commission de la population et du développement, en soulignant que cette croissance sera principalement absorbée par les villes des pays en développement.
La population urbaine mondiale comprendra 3,4 milliards de personnes en 2008 et déjà à lheure actuelle, six personnes sur 12 vivent dans les zones rurales, trois dans les petites villes, deux dans les localités de taille moyenne et une dans une grande agglomération.

Les causes de ce phénomène sont connues, a rappelé le représentant de la Division de la recherche en matière de politiques du Conseil de population.  Mark Montgomery a cité la croissance démographique naturelle, qui est désormais la première cause de la croissance démographique urbaine avant les migrations et lexode rural.
Hania Zlotnik, Directrice de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a ajouté une autre cause à la liste qui est celle, comme on lobserve au Pakistan, des investissements productifs qui transforment les zones rurales en villes.

Lurbanisation peut jouer un rôle positif dans le développement économique et social si les pays sy préparent bien, a affirmé David Satterhwaite de lInstitut international pour lenvironnement et le développement. Après tout, a-t-il souligné, les villes sont lillustration même du développement économique, puisquelles doivent leur statut à des investissements privés qui ont produit des changements structurels de léconomie qui, à leur tour, ont contribué à la création demplois et à lamélioration des services.
Face au problème des changements climatiques, les villes peuvent même devenir le moteur de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, a-t-il affirmé.

Outre la pollution atmosphérique, les défis de la surpopulation et de la prolifération des bidonvilles sont bien réels, sest alarmée Helen Zille, Mairesse de la ville sud-africaine de Cape Town qui a décrit les réalités pratiques dune ville en urbanisation rapide grâce au boom économique.
Cape Town a presque doublé de taille au cours de ces 20 dernières années et à sa population de 3,2 millions de personnes pourrait sajouter un autre million pendant les 15 prochaines années.

La ville de Cape Town, a expliqué Mme Zille, subit déjà les effets de la croissance, dont notamment la congestion des routes, linsuffisance des décharges publiques, la pollution des rivières et des eaux côtières, sans compter les risques que courent certaines espèces dont lexistence est en danger. Une pression énorme sexerce sur les terres, leau, les transports et les ressources énergétiques alors que la menace des changements climatiques et de la hausse du prix des produits pétroliers pèsent sur la ville.

Le défi est de faire que la ville soit vivable pour tous, ce qui exige des investissements massifs dans les services sociaux de base comme leau, lassainissement ou lélectricité, mais aussi dans une économie génératrice de revenus et demplois. Le boum économique de villes comme Cape Town, Johannesburg et Durban contribue à léconomie dun pays tout entier, mais il est important que le Gouvernement central aide ces villes à financer des infrastructures de base qui pourraient grever leur budgets, a préconisé le représentant de lInstitut international pour lenvironnement et le développement.

Compte tenu de la passivité de leur gouvernement central, a expliqué la Mairesse de Cape Town, plusieurs villes dans le monde ont cédé à la tentation de se « dé-densifier ». Or, à Cape Town, il sest avéré que la « dé-densification » coûte quatre fois plus cher que nimporte quel effort visant à offrir un minimum de services à la population urbaine. Helen Zille a ajouté que parce que la tendance est irréversible, les habitants qui choisissent de partir seront tout de suite remplacés par de nouveaux arrivants.

Aujourdhui le français est devenu la deuxième langue de Cape Town après larrivée des réfugiés économiques du Burundi, du Rwanda ou de la République démocratique du Congo (RDC) installés après les réfugiés économiques des pays de la région dAfrique australe, dont en particulier le Zimbabwe.  Pour rendre une ville vivable pour tous, lexpérience a montré quil faut des compétences et du capital, a tranché Helen Zille.

Le secteur privé ne fait rien, le gouvernement central est trop lent, et les organisations daide refusent de travailler dans les villes, a résumé le représentant de lInstitut international pour lenvironnement et le développement. Pendant trop longtemps, les gouvernants se sont préoccupés de la pauvreté dans le monde rural, en ignorant la réalité similaire prévalant dans les villes, a rappelé le représentant de la Division de la recherche en matière de politique du Conseil de la population.

Si, a-t-il dit, lon prend tout simplement les indicateurs de santé, on constate que les pauvres des villes courent les mêmes risques que ceux des zones rurales. Les chiffres changent carrément lorsque lon considère les conditions de vie dans les bidonvilles où la santé des pauvres est plus gravement menacée quelle ne lest dans les campagnes.

Les experts se sont donc félicités que la Commission de la population et du développement sattaque à ces questions que lONU navait plus analysées depuis plus de 10 ans, a rappelé la Directrice de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales.

Source : ONU

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