L’Eau dans le monde

L’eau et l’accès à cette ressource essentielle est l’enjeu le plus vital du 21e siècle. La pression sur cette richesse collective est telle que de nombreux territoires du monde sont en manque chronique, alors que la demande mondiale explose partout. La journée mondiale de l’eau sera célébrée le 22 mars.L’eau est utilisée non seulement pour la consommation humaine, mais aussi en agriculture pour l’irrigation, l’industrie, l’énergie et l’assainissement. Si rien n’est fait pour améliorer la gestion de cette ressource, le monde devra faire face à un déficit global de 40 % d’ici 2030, selon le rapport 2015 du Programme mondial d’évaluation des ressources en eau, hébergé par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), au nom de l’ONU-Eau.
Le développement durable de nombreux pays en manque chronique d’eau dépend d’une meilleure gestion. La surexploitation des réserves souterraines, parfois plus exploitées que le renouvellement naturel, risque d’engendrer des conflits dans le futur.
Un meilleur partage est nécessaire, non seulement entre pays et régions, mais aussi entre types d’activités utilisant l’eau.
Ainsi l’Inde a fait passer le nombre de puits mécanisés ou tubés de moins d’un million en 1960 à 19 millions en 2000. Grâce à quoi le pays a réussi à réduire la pauvreté et à générer une forte croissance économique. Mais dans le même temps, le stress hydrique a considérablement augmenté dans certaines régions, et le futur de l’eau en Inde n’est pas garanti.
L’ONU-Eau annonce qu’en 20 ans, 2,3 milliards de personnes ont gagné un accès à un point d’eau potable amélioré. Toutefois, 748 millions d’humains n’ont toujours pas accès à cette eau potable (point d’eau protégé de la contamination extérieure). Premiers concernés : les pauvres, les populations marginalisées et les femmes.
Par ailleurs, 2,5 milliards d’humains n’ont pas accès à l’assainissement des eaux usées. Dans le même temps, la planète n’a jamais eu autant soif. Pour répondre aux besoins d’une population toujours plus nombreuse, les secteurs agricole et énergétique doivent produire toujours davantage. D’ici 2050, l’agriculture, le secteur le plus gourmand en eau, devra produire 60 % de nourriture supplémentaire au niveau mondial, et 100 % dans les pays en développement. La demande en biens manufacturés est elle aussi orientée à la hausse, ce qui accroît encore la pression sur les ressources en eau. Entre 2000 et 2050, il est prévu que la demande mondiale en eau de l’industrie augmente de 400 %.
La demande s’envole, et devrait atteindre +55 % d’ici 2050. Déjà 20 % des eaux souterraines sont surexploitées. Irrigation massive, rejets de pesticides et produits chimiques toxiques, absence de traitement des eaux usées caractérisent 90 % des pays en développement. Il faut absolument faire un effort, qui pourrait représenter un investissement de 50 milliards $ par an, pour rendre la gestion de l’eau plus durable au niveau de la planète.

Cette pression croissante sur les ressources en eau risque de se traduire, prédisent les auteurs du rapport, par une compétition de plus en plus forte entre les secteurs mais aussi entre les régions et les pays.
Il faut donc changer la façon dont nous évaluons, gérons et utilisons cette ressource, insiste le rapport qui pointe les défaillances dans la gouvernance de l’eau. Payée bien souvent à un prix inférieur à sa valeur réelle, l’eau est aussi rarement prise en compte dans les décisions relatives à l’énergie ou l’industrie.
D’une manière générale, les décisions qui déterminent en grande partie l’utilisation de l’eau sont le plus souvent entre les mains d’un nombre limité d’acteurs (publics, parapublics et privés) et obéissent à une logique déterminée par le court terme plus que par les considérations environnementales et le long terme.
Alors que les Nations Unies s’apprêtent à adopter les futurs Objectifs du développement durable à l’horizon 2030, le rapport insiste sur la nécessité de consacrer un objectif à part entière à l’eau. Il plaide aussi pour que l’accent soit mis sur la gestion globale du cycle de l’eau alors que les Objectifs du millénaire pour le développement se concentraient sur l’accès à l’eau et l’assainissement.

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