Une maladie mortelle décime les poissons du fleuve Zambèze

Une maladie mortelle est en train de décimer les stocks de poissons du bassin fluvial Zambèze, mettant en péril la sécurité alimentaire et les moyens d’existence des populations rurales dans cette vaste zone partagée par sept pays, a avertit mardi 21 juillet l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).Selon une alerte émise par le Système mondial d’information et d’alerte rapide (SMIAR) de la FAO, le Syndrome ulcératif épizootique (EUS, selon son acronyme anglais) est causé par le champignon Aphanomyces invadans, qui forme de vilaines lésions sur les poissons et engendre un taux élevé de mortalité. C’est une des plus graves maladies aquatiques affectant les poissons téléostéens.

« En l’absence de campagnes d’endiguement, la maladie risque de se propager vers d’autres pays riverains du fleuve Zambèze ainsi que d’autres systèmes fluviaux de la région », indique Rohana Subasinghe, expert de la FAO en ressources halieutiques.

Le bassin fluvial du Zambèze s’étend sur 1 390 000 km² et abrite quelque 32 millions d’habitants, dont 80% dépendent de l’agriculture ou de la pêche et de la pisciculture pour vivre.

Il semble que le syndrome EUS, confirmé pour la première fois en Afrique en 2007, se propage en amont et en aval du Zambèze, avec le risque de prendre pied dans d’autres régions d’Afrique.

L’alerte du SMIAR signifie à la communauté internationale de bailleurs de fonds qu’une crise de sécurité alimentaire est en train de s’installer et qu’une assistance et des financements seront vraisemblablement nécessaires.

Le pays le plus touché est la Zambie, qui renferme les deux tiers du bassin fluvial du Zambèze. Plus de 2000 villages et quelques 700 000 personnes sont à risque d’insécurité alimentaire, car le poisson est non seulement une source de revenus dans de nombreux districts ruraux, mais aussi la source la plus économique de protéines disponibles.

Le poisson infecté par la maladie ne constitue normalement pas un problème de santé pour l’homme, même si les profondes ulcérations et la décomposition des tissus caractéristiques de la maladie pourraient renfermer des pathogènes secondaires plus dangereux.

Il est par conséquent recommandé de ne pas consommer de poisson contaminé par l’EUS qui n’ait pas été préalablement soumis à une cuisson suffisante.

Le poisson victime de l’EUS est invendable, ce qui représente de lourdes pertes économiques pour les pêcheurs et les pisciculteurs.

Environ 50 espèces de poissons téléostéens sont exposées à la maladie, avec des flambées affectant souvent les juvéniles, et causant ainsi des dégâts irréversibles aux populations et une grave perte de biodiversité.

L’EUS est apparu pour la première fois au Japon au début des années 1970 avant de se propager vers l’Australie et une grande partie de l’Asie. Les Etats-Unis ont été frappés en 1984 par le virus qui est désormais présent dans au moins 24 pays du monde.

Depuis 2007, la FAO aide à renforcer les capacités d’adaptation à la maladie dans les sept pays du Bassin du Zambèze – Angola, Botswana, Malawi, Mozambique, Namibie, Zambie et Zimbabwe.

Ces mesures comprennent un diagnostic de base de l’EUS, une surveillance ciblée et des services de gestion de base de la santé animale aquatique.

En réponse aux requêtes urgentes émises par plusieurs pays, la FAO, en étroite coopération avec l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) à Paris, élabore et met en uvre un cadre de biosécurité aquatique pour l’Afrique australe et renforce les compétences locales en matière d’aménagement des ressources du fleuve Zambèze.

Le programme s’attachera à développer les capacités institutionnelles et humaines de gestion de la santé de la faune sauvage aquatique dans les pays touchés au moyen de politiques et de règlements appropriés.

La lutte contre la maladie dans les eaux naturelles telles que les fleuves est impossible, mais sa mise en uvre est relativement plus simple dans les opérations aquicoles où un certain nombre de mesures de biosécurité sont susceptibles de réduire ou d’empêcher sa propagation.

Ces mesures comprennent notamment la prévention de porteurs ou vecteurs éventuels s’introduisant dans les plans d’eau ou étangs piscicoles, l’élimination des poissons morts et l’amélioration de la qualité de l’eau.

Source : FAO

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