Guinée : Le massacre du 28 septembre était prémédité

Le massacre du 28 septembre à Conakry en Guinée était prémédité, selon un communiqué de Human Rights Watch (HRW), l’ONG de défense des droits humains. La plupart des actes barbares commis ce jour-là l’ont été par les unités d’élite de la garde présidentielle, les « Bérets rouges. »L’organisation, qui a enquêté sur place pendant 10 jours, à découvert que les forces de sécurité ont ensuite tout tenté pour effacer les traces de ce massacre. Ils ont notamment soustrait les corps des victimes du stade, des hôpitaux et des deux morgues de Conakry, afin de les enterrer dans des fosses communes.
150 personnes au moins ont été tuées, 1000 personnes blessées et des dizaines de femmes violées par ces « Bérets rouges. »

« Le gouvernement ne peut plus continuer à alléguer que les victimes ont été tuées par inadvertance », a déclaré Georgette Gagnon, directrice de la division Afrique à Human Rights Watch. « Il est clair qu’il s’est agi d’une tentative préméditée de museler l’opposition. »
« Les forces de sécurité ont encerclé et bloqué le stade, puis ont fait irruption à l’intérieur avant de commencer à tirer froidement sur les manifestants jusqu’à ce qu’ils n’aient plus de balles », a ajouté Mme Gagnon. « Ils ont commis des actes atroces, des viols collectifs et des meurtres de femmes, sous les yeux de leurs commandants. Ce n’était pas un accident. »

HRW raconte comment les militaires s’y sont pris. Ils sont entrés dans le stade vers 11h30, puis ont bloqué les sorties avant de lancer des grenades lacrymogènes. Des milliers de personnes venues soutenir pacifiquement l’opposition s’étaient massées dans ce stade, afin de protester contre la candidature annoncée à la présidentielle du chef de la junte militaire au pouvoir, le capitaine Moussa Dadis Camara.
C’est à ce moment-là que les militaires ont tiré sur la foule des partisans de l’opposition, jusqu’à épuisement des munitions, puis ont continué au couteau et à la baïonnette !

Les soldats ont ensuite violées des dizaines de filles et de femmes, dont certaines ont trouvé la mort des suites de leurs blessures.
Des témoins ont raconté à HRW que des soldats ont enfoncé des baïonnettes, des chaussures, des bâtons, des canons de fusil et tiré dans le vagin de certaines d’entre elles.
Ces viols ont été collectifs, et se sont déroulés aussi bien dans le stade qu’autour de l’enceinte dans divers lieux.
D’autres femmes ont été enlevées, jusque dans les cliniques où elles étaient venues se faire soigner, pour être emmenées dans des résidences privées où elles ont enduré sans répit durant plusieurs jours et nuits des violences sexuelles et des viols collectifs de la part des militaires.

« Le niveau, la fréquence et la brutalité de la violence sexuelle ayant eu lieu pendant et après les protestations suggèrent fortement que cela faisait partie d’une tentative systématique de terroriser et d’humilier l’opposition et non pas des actes isolés par des soldats voyous » indique le communiqué.

Human Rights Watch décrit avec précision ces événements dans son communiqué [lien en bas de page], appuyé par de nombreux témoignages de victimes des violences qui ont échappé à la mort, ainsi que de membres de l’opposition ou même de militaires repentis.

Human Rights Watch demande qu’une commission d’enquête internationale soit créée le plus vite possible afin de poursuivre à la fois les auteurs de ces massacres, les officiers présents sur place qui n’ont rien fait pour les empêcher, et les commanditaires, parmis lesquels les principaux membres de la junte au pouvoir.

Le pays est dirigé par le capitaine Moussa Dadis Camara, qui a pris le pouvoir par un coup d’état en décembre dernier, après le décès du président Lansana Conté.

Source : Human Rights Watch

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