Le trafic d’êtres humains, crime négligé et ignoré

La lutte contre le trafic d’être humains est entravée par un manque de données et une véritable négligence de la part des gouvernements, affirme un rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) publié jeudi 12 février 2009 et qui porte pour la première fois sur un total de 155 pays.UNICEF - fillette« L’opinion publique commence à être sensibilisée à la réalité de l’esclavage moderne, mais de nombreux gouvernements nient encore cette réalité et sont même négligents lorsqu’il s’agit d’informer ou de poursuivre les auteurs de ces crimes », a déclaré Antonio Maria Costa, directeur exécutif de l’ONUDC, dans un communiqué.

Si le nombre de condamnations pour trafic d’êtres humains est en hausse, il reste inférieur à 1,5 pour 100 000 personnes, ce qui est moins que certains crimes rares en Europe de l’Ouest, par exemple, comme le crime de kidnapping, et en toute hypothèse sans commune mesure avec le nombre de victimes estimées.

« De nombreux systèmes judiciaires sous-estiment le crime. En fait deux pays sur cinq n’ont jamais enregistré aucune condamnation », souligne le rapport.

Fait surprenant, le crime de trafic d’êtres humains est principalement le fait de femmes, et c’est le crime dans lequel elles sont le plus présentes en tant que responsable.

S’agissant des victimes, l’ONUDC estime que 79% sont victimes d’exploitation sexuelle. Mais cela pourrait être une « illusion d’optique ». L’exploitation sexuelle est visible, mais pas le travail forcé qui représenterait 18% des cas, au moins.

« Combien de centaines de milliers de personnes sont utilisés comme esclaves dans des échoppes clandestines, des champs, des mines, des usines ou exploités comme main d’oeuvre domestique ? », s’interroge M. Costa.

Le rapport estime par ailleurs que 20% des victimes seraient des enfants. Mais ils représentent près de 100% des victimes dans la région du Mékong ou en Afrique de l’Ouest, employés à dénouer des filets de pêche, à coudre des biens de luxe ou à cueillir le cacao. D’autres sont exploités à mendier, ou comme prostituées, utilisés dans des réseaux de pédophilie ou de pornographie.

« Les attitudes culturelles et la discrimination entre les sexes compte autant que la pauvreté », parce que la plupart des victimes sont exploités par des proches, conclut Antonio Maria Costa.

Le Protocole des Nations Unies contre le trafic d’êtres humains est entré en vigueur en 2003. Le rapport révèle que le nombre d’Etat qui le mettent sérieusement en oeuvre a doublé, de 54 à 125, sur les 155 Etats signataires. Mais de nombreux pays, surtout en Afrique, manquent des outils juridiques nécessaires.

Source : ONU

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