Décryptages de guerres : Sri Lanka 1983-2009 – 1

La guerre au Sri Lanka se déroule de 1983 à 2009. Il convient de montrer sur un parcours chronologique de quelle manière s’est construit l’Etat sri-lankais, quels sont les acteurs du conflit et comment il a évolué.Le Sri Lanka accède à l’indépendance en 1948. Le caractère pacifique et démocratique de la construction de l’Etat de droit sri-lankais est souvent souligné ; la participation électorale est élevée. Le pays est composé d’une majorité cinghalaise (74%) et de minorités tamoules (18%) et musulmanes (7%).
Le conflit oppose essentiellement la majorité cinghalaise et les minorités tamoules.
Si les différences culturelles ou ethniques (langues, religions) sont à considérer entre ces deux groupes, ce sont avant tout des motifs politiques qui entraînent la guerre ; après le retrait des troupes britanniques, les tamouls se sentent lésés du rôle qu’elles avaient exercé dans l’administration coloniale.
C’est en 1976 que les LTTE (Tigres de libération de l’Eelam tamoul) se placent en porte-parole des tamouls, et revendiquent un tat (eelam) autonome pour leur communauté. L’organisation est considérée comme terroriste par les grandes puissances mondiales (Etats-Unis, Union Européenne, Inde..).

La guerre commence le 23 juillet 1983. Les rebelles tamouls attaquent une base militaire à Jaffna, ce qui se solde par la mort de 13 soldats de l’armée nationale.
Par la suite, les tamouls sont victimes d’un progrom exercé par la majorité cinghalaise. On recense alors plus de 1000 morts dans la répression ; le rôle du gouvernement est encore aujourd’hui porté à débat dans les organisations internationales.
Après des tentatives vaines de négociations en 1985, le conflit s’intensifie à partir de 1987.
Les LTTE provoquent leur premier attentat-suicide en juillet.
L’Inde entre cette année-là dans le conflit, avec le déploiement d’une force d’intervention : l’Indian Peace Keeping Force (IPKF). Malgré sa volonté d’instaurer la paix et d’aider la population tamoule assiégée, l’IPKF se retrouve face à une résistance des LTTE, et subi plus de 1200 morts dans ses troupes jusqu’à son retrait en mars 1990.

La décennie 1990 du conflit est marquée d’une violence importante où les belligérants s’affrontent alors ouvertement ; on l’appelle l’« Eelam War III ».
La population civile se retrouve entre deux feux, et devient la victime principale.
Dès 2000, la Norvège tente en vain de se placer dans le rôle de médiateur entre le gouvernement et les LTTE. Après de multiples échecs de négociations, le conflit reprend de l’intensité en 2006.
Mais c’est en 2009 que les forces gouvernementales, persuadées de vaincre les rebelles par les armes, multiplient les victoires et avancent sur les terres administrées par les LTTE ; en janvier, l’armée réussit à prendre leur siège administratif, la ville de Kilinochchi.
Les rebelles tamouls se retrouvent alors au bord d’une zone cotière de 3,5km². L’armée annonce la mort de leurs principaux dirigeants le 17 mai 2009, et clôt ainsi ce conflit.

Le bilan humain de la guerre est considérable : plus de 100 000 morts, 800 000 déplacés et 500 000 réfugiés (1).

  1. Il est important ici de bien distinguer une personne réfugiée d’une personne déplacée. Selon la définition d’Amnesty International, le réfugié se retrouve en dehors de son pays, alors que le déplacé a été contraint de fuir la région où il vivait pour une autre, pour des raisons de survie (guerre, persécution, famine..). Cette différence est importante à préciser dans le cadre du conflit sri-lankais, où les camps de déplacés sont aujourd’hui une des conséquences primordiales à prendre en compte.

Liza Kroh

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