Pakistan : crimes d’honneur contre cinq femmes

Le 14 juillet 2008 eut lieu l’exécution à la pelleteuse de cinq femmes à Baba Kot, un village pakistanais dans la province du Balouchistan. Cette exécution est issue d’un jugement d’une jirga, un tribunal traditionnel, condamnant trois surs qui voulaient choisir leur propre mari, enfreignant ainsi la tradition locale. Leur mère et leur tante sont également exécutées pour les avoir aidées. Cette exécution a fait vivement réagir l’opinion publique pakistanaise et mis sur le devant de la scène le problème des crimes d’honneur.Les Faits

Le 13 juillet 2008, trois surs de la tribu des Umrani, accompagnées de leur mère et de leur tante, prennent le taxi pour Usta Muhammad, afin d’épouser au tribunal civil les hommes qu’elles ont choisis. Elles prennent cette décision après plusieurs jours de discussion avec les hommes de la tribu, qui refusent de donner leur accord à ces mariages. Ces derniers les rattrapent et les ramènent de force à leur village, sous la menace darmes, dans une voiture officielle du gouvernement provincial du Balouchistan.

Là, elles sont immédiatement jugées par une jirga, assemblée de notables, car elles ont contrevenu à la tradition tribale qui veut que les femmes ne décident pas de leur avenir conjugal. Elles sont condamnées à mort par ce tribunal traditionnel dhommes, composé entre autres de leur père, leurs oncles et leurs frères. Le supplice a lieu dès le lendemain, dans le désert proche. Une pelleteuse a creusé une fosse :

  • elles sont alignées le long de celle-ci ;
  • la pelle mécanique sabat sur elles et les broie ;
  • un peloton dexécution leur tire dessus ;
  • bien quencore vivantes, elles sont poussées dans la fosse par la pelleteuse et enterrées.

Couverture médiatique

Le massacre est tout dabord passé inaperçu. La révélation est faite par le journal Jang, le 24 juillet, ce qui entraîne des menaces de mort envers son correspondant local, auteur de l’article. Mais la police locale refuse denquêter, et le ministre commence par nier, puis minimiser les faits. Le journal anglophone The News International, d’Islamabad, prend le relais, et Rauf Klasra est envoyé pour enquêter : il découvre l’implication d’Abdul Sattar Umrani, frère de Sadiq Umrani, ministre du logement de la province, appartenant au PPP de Benazir Bhutto. Abdul Sattar Umrani est déjà impliqué dans un « crime dhonneur » semblable datant de 2006, pour lequel lenquête na pu être ouverte que sur intervention de la Cour suprême.

Ces articles finissent par provoquer le 29 août un débat au Parlement pakistanais, où un juriste nationaliste baloutche, Mir Israhullah Zehri, proclame quil défendrait « une tradition pluriséculaire qui ne doit pas être considérée négativement ». La retransmission à la télévision cause alors un scandale national : le Sénat pakistanais et l’assemblée provinciale du Sind votent des résolutions condamnant le massacre, scandale qui permet également le début dune interrogation nationale sur les droits des femmes. Le gouvernement ordonne alors une enquête, mais qui traîne en pleine période électorale.

Les organismes internationaux de défense des droits humains mènent une campagne, dès la fin du mois daoût, pour que justice leur soit rendue. Au Pakistan, la loi punit de mort les crimes dhonneur depuis 2004, mais n’est jamais appliquée.

En 2007, au moins 636 femmes ont été victimes de ces crimes d’honneur au Pakistan, officiellement. On suppose que certains crimes ne sont pas recensés, et que ce chiffre est donc probablement plus proche de 1000, d’après Tahira Abdullah, une des figures du mouvement féministe pakistanais, qui siège à la Commission des droits humains du Pakistan (HRCP).

Source : Article Crimes d’honneur à Baba Kot du 14 juillet 2008 de Wikipédia en français (auteurs)

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