Journée mondiale du sida

A l’occasion de la 20ème Journée mondiale du sida, la Directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Dr Margaret Chan, envoie un message au monde entier pour continuer la lutte contre ce terrible fléau, la maladie la plus dévastatrice que l’humanité ait jamais connu.

« Cette année qui marque le vingtième anniversaire de la Journée mondiale du sida constitue aussi une étape majeure dans la longue lutte contre ce fléau. Plus de 3 millions de personnes dans les pays à revenu faible et intermédiaire reçoivent désormais un traitement antirétroviral qui permet de prolonger la vie. Un tel résultat était impensable il y a 20 ans quand le monde commençait à peine à prendre conscience de ce qu’impliquait cette maladie et de son impact catastrophique sur les individus, les familles et les sociétés.

Le sida constitue le défi le plus considérable auquel le monde de la santé ait jamais été confronté et probablement aussi la maladie infectieuse la plus dévastatrice qui ait jamais frappé lhumanité. Et la manière dont lhumanité a fait face au fléau est également sans précédent. La communauté internationale a réagi à toute une série de niveaux, de la base jusquaux chefs dEtat, des organisations confessionnelles et des philanthropes jusquaux instituts de recherche, aux milieux universitaires et aux entreprises.

En ce vingtième anniversaire de la Journée mondiale du sida, il convient de réfléchir à certaines de ces réalisations. La réaction face au sida a profondément modifié la santé publique, ouvrant des options nouvelles pour combattre toute une série dautres problèmes de santé. Elle a démontré ce que la persévérance face à des obstacles apparemment insurmontables permettait d’obtenir.

La société civile a mis la maladie et les besoins des personnes touchées au centre des préoccupations mondiales. Les attitudes ont changé. Des traitements ont été mis au point. Les schémas cliniques ont été rationnalisés et standardisés. Les fonds nécessaires ont été trouvés. Les prix ont baissé. Des partenariats ont vu le jour. Des plans durgence ont été lancés par des présidents et des premiers ministres.

La réaction face au sida a également permis de réaffirmer certaines des valeurs et certains des principes les plus importants de la santé publique. Lépidémie de sida a bien mis en lumière limportance de léquité et de laccès universel. Avec lavènement du traitement antirétroviral, la possibilité d’avoir accès à des médicaments et à des services est devenue synonyme de possibilité de survie pour des millions de personnes. Lépidémie a mis laccent sur les déterminants sociaux plus larges de la santé, sur le rôle vital de la prévention et sur la nécessité de disposer de soins centrés sur les gens. Elle a ainsi ouvert la voie à un renouvellement des soins de santé primaires. Ces réalisations montrent la force de la persévérance et de la solidarité mondiales, mais elles nous rappellent également les défis à relever. Et à mon sens le thème retenu pour la Journée mondiale de la santé de cette année fait bien ressortir ces défis.

Ces réalisations montrent la force de la persévérance et de la solidarité mondiales, mais elles nous rappellent également les défis à relever. Et à mon sens le thème retenu pour la Journée mondiale de la santé de cette année fait bien ressortir ces défis.

Il faut une direction éclairée pour garantir le maintien de la vigilance et des efforts face à lépidémie. Malgré la crise financière mondiale, il faut absolument que le financement reste prévisible, durable et substantiel. Nous devons veiller à ce que lapplication sans précédent des traitements profite à plus de personnes et à ce que le progrès soit durable. En matière de traitement, tout retour en arrière, tout ralentissement ne constitue pas une option acceptable pour des motifs éthiques et humanitaires.

Pour réagir de manière efficace et surtout pour prévenir, il faut donner aux gens les moyens dont ils ont besoin. Nous devons faire beaucoup plus pour donner aux femmes et aux adolescentes les moyens de se protéger et de promouvoir le changement. Nous devons faire beaucoup plus pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination qui sont d’énormes obstacles à toutes les formes de prévention, de traitement, de soin et de soutien. Dans beaucoup de pays, les obstacles juridiques au même titre que les obstacles socioculturels empêchent les groupes à risque de bénéficier des interventions et des connaissances nécessaires pour réduire des comportements néfastes.

Nous avons enfin une obligation de résultat. Dans beaucoup de pays, la faiblesse du système de santé entrave la capacité doffrir des services durables à ceux qui en ont le plus besoin. Une occasion historique nous est maintenant offerte daligner la réaction face au sida sur le renforcement des systèmes de santé. Comme la noté cette année le Rapport sur la santé dans le monde, les soins de santé primaires constituent le meilleur moyen de concrétiser lengagement en faveur de léquité et de la justice sociale, de mettre laccent sur la prévention et datteindre les groupes marginalisés. Ces valeurs et ces principes sont le fondement même de lavenir de la réaction face au sida.

En cette Journée mondiale du sida, nous devons redoubler d’efforts en nous inspirant des succès déjà obtenus et unir nos forces contre les derniers obstacles dans un esprit de solidarité et par souci de la dignité humaine. »

Dr Margaret Chan, Directrice générale de lOMS

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