Conférence de la FAO à Rome

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) réunit à son siège de Rome en Italie les principaux pays donateurs dans le cadre d’une conférence internationale. En effet, la crise mondiale actuelle des produits alimentaires affecte des centaines de millions de personnes. Les prix des matières premières agricoles ont très fortement augmenté ces derniers mois, plusieurs facteurs étant en cause, dont l’augmentation du prix du pétrole.
La FAO a dû elle aussi revoir à la hausse ses demandes de dons, ses besoins se chiffrent en effet à plusieurs milliards de dollars USD par an. Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, a parlé d’un budget annuel de 15 à 20 milliards pour lutter efficacement contre la faim dans le monde.
Mais il ne s’est pas arrêté à la seule demande d’assistance des pays pauvres. Ceux-ci souhaiteraient de plus en plus remettre à niveau leur agriculture par exemple, et relancer les diverses productions vivrières, dont l’abandon de certaines ont conduit des pays entiers à une dépendance quasi totale vis-à-vis des importations. Ces importations provenant notamment des grands pays riches ultra subventionnés, et des pays grands producteurs. Les céréales sont particulièrement mises en cause.
Les causes de la crise actuelle sont connues : prix en forte hausse dans divers secteurs, dont l’énergie et les matières premières agricoles.
L’énergie, à cause de l’augmentation de la consommation de pétrole et ses dérivés dans des pays à forte croissance économique comme l’Inde ou la Chine, mais également par la mise en concurrence des agrocarburants avec les cultures vivrières.
La demande en agrocarburants ayant elle aussi fortement augmenté, la pressions sur les terres agricoles disponibles est de plus en plus élevée, augmentant du même coup les prix.
Les grands pays producteurs de maïs, par exemple, voient ainsi leurs revenus croître, au dépend des pays pauvres qui n’ont pour certains pas assez de possibilités de production.
Le riz, le blé, le maïs, sont de plus en plus demandés à travers le monde, et de moins en moins produits. Certains pays producteurs commencent même à interdire leurs exportations afin de pouvoir répondre plus adéquatement à leur demande intérieure. Ce qui n’est pas sans conséquences à la fois sur le prix de ces denrées, et sur les populations des pays importateurs qui souffrent finalement dans tous les cas.

On estime à +50% les besoins en alimentation au niveau mondial d’ici 2030. Les dernières surfaces agricoles disponibles ou en jachère devront dès lors être mises en service. Certaines terres arables ne sont pas encore exploitées ou presque.
L’Afrique est dans ce cas, de nombreux paysans n’étant tout simplement plus en mesure de produire. Le prix du pétrole est trop élevé pour que certaines productions soient rentables, les productions vivrières notamment. Les paysans privilégient donc les produits d’exportation en forte demande comme ceux destinés aux agrocarburants. Or, ceux-ci demandent beaucoup moins de main d’oeuvre.
Les jeunes partent donc vers les grandes villes tenter de trouver un travail, et vont grossir les effectifs des bidonvilles. La main d’oeuvre étant plus rare pour les productions vivrières, il faut moderniser cette agriculture en la mécanisant, ce qui n’est donc pas toujours possible du fait de la cherté du pétrole. C’est un véritable cercle vicieux.
C’est le coeur du problème selon de nombreux spécialistes des pays en développement, mais les politiques libérales du FMI et de la banque mondiale orchestrées depuis des dizaines d’années ont conduit à la situation actuelle que dénoncent certains leaders des pays du sud.

La conférence de la FAO ressemble à une solution de la dernière chance pour des centaines de millions de personnes dans le monde. Il ne faut pas pour autant en attendre une révolution agricole dans le monde, ni une orientation vers une agriculture plus durable. Les dirigeants de la planète ont suffisamment prouvé leur désintérêt chronique face aux déboires des pays pauvres, déboires qu’ils ont eux-mêmes créés en favorisant la spéculation financière à l’origine de la crise actuelle.

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