Les bidonvilles continuent de s’étendre dans le monde

Même si 227 millions de personnes ont quitté les bidonvilles depuis 2000, soit plus du double de l’objectif d’améliorer la vie d’au moins 100 millions d’habitants d’ici 2020 fixé par les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), la population globale vivant dans des taudis a augmenté de près de 60 millions, révèle un rapport des Nations Unies publié jeudi 18 mars.« Le succès est très déséquilibré, au profit des économies émergentes les plus avancées, tandis que les pays plus pauvres n’ont pas fait aussi bien », a expliqué Anna Tibaijuka, Directrice exécutive de l’Agence des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), soulignant qu’« il n’y a pas de place pour la complaisance ».

Les résultats ne sont pas uniformément répartis entre les régions, écrit-elle en introduction du rapport biennal ‘L’état des villes dans le monde 2010/2011’ d’ONU-Habitat. Globalement, le nombre de personnes résidant dans des bidonvilles a augmenté, passant de 777 millions en 2000 à près de 830 millions en 2010.

Le rapport, qui met l’accent sur le thème « Combler les inégalités urbaines », qualifie les efforts visant à réduire le nombre d’habitants de taudis de ni satisfaisants, ni suffisants, d’autant plus que un peu plus de la moitié de la population mondiale, soit près de 3.5 milliards d’individus, vit aujourd’hui en milieu urbain.

Faute de mesures draconiennes, avertit-il, la population des bidonvilles dans le monde augmentera probablement de 6 millions par an pour atteindre près de 900 millions en 2020.

L’Afrique subsaharienne abrite près du quart de la population des bidonvilles du monde, avec 200 millions de personnes. Le nouveau rapport souligne que l’urbanisation bénéficie aux dirigeants politiques, aux fonctionnaires et aux personnes riches en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes, laissant derrière eux des millions de personnes.

En effet, la planification et les politiques urbaines semblent favoriser le pouvoir, généralement les élites économiques locales et régionales, et dans le monde en développement, ce modèle est généralement liée à une hégémonie historique et culturelle.

« Parvenir à un développement urbain durable peut se révéler impossible si on laisse la fracture urbaine non seulement perdurer, mais aussi continuer à croître, creusant un fossé énorme, et même dans certaines villes un gouffre, une plaie ouverte, qui peut engendrer l’instabilité sociale ou en tout cas générer des coûts sociaux et économiques non seulement pour les citadins pauvres, mais pour la société en général », écrit Mme Tibaijuka.

Le rapport appelle les gouvernements à mettre en uvre des politiques inclusives pour réduire les inégalités entre les habitants de nombreuses villes des pays en développement, et permettre l’accès général à un logement décent, aux transports, à l’éducation, aux loisirs, à la communication, à l’emploi et à la justice.

« La participation inclusive des populations vivant dans une ville crée un sentiment d’appartenance et d’identité chez les résidents, et leur garantit une part des bénéfices du développement urbain », souligne le rapport, qui appelle à des examens approfondis des systèmes, des structures et des institutions dans les villes afin de lancer un véritable changement.

Source : ONU (communiqué)

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