Darfour : cinq ans de souffrances, et la crise saggrave

Devant le Conseil de sécurité, John Holmes, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence de lONU, a appelé aujourdhui tant le gouvernement soudanais que les mouvements rebelles à faire « bien plus » pour protéger la population. A ce jour, 4,27 millions de personnes sont affectées, sur les six millions dhabitants que compte le Darfour.Depuis que le Conseil de sécurité sest saisi de la crise au Darfour, il y a quatre ans, le nombre de personnes affectées a été multiplié par six. 4,27 millions sont gravement affectées par le conflit, 2,45 millions sont déplacées dans le pays et 260.000 ont trouvé refuge dans les pays voisins, a déclaré le Secrétaire général adjoint lors dune réunion du Conseil de sécurité sur lOpération hybride UA-ONU au Darfour (MINUAD).

Une étude de 1986 évaluait le nombre de victimes à 200.000. « Ce chiffre doit avoir encore augmenté de 50% », a dit John Holmes.

Devant la presse, John Holmes a précisé que ce chiffre était une « extrapolation raisonnable » qui comprenait les victimes directes de violence et les morts du fait de l’état de conflit : malnutrition, déplacement, maladies.

« Je suis rempli de tristesse et de colère de constater quaprès 5 ans de conflit et 4 ans après lengagement du Conseil, nous navons toujours pas trouvé de solution durable », a dénoncé le Coordonnateur humanitaire.

Au gouvernement du Soudan, ce dernier a lancé un appel à « améliorer la sécurité des civils et de la communauté internationale dans les zones sous son contrôle », à « démanteler une fois pour toutes les milices janjawid et à poursuivre les auteurs de crimes », notamment les crimes sexuels, et enfin, dans la mesure où « le Soudan est un pays de plus en plus prospère », « à fournir une assistance à sa propre population plutôt que de laisser la communauté internationale en porter toute la responsabilité financière ».

Aux rebelles, John Holmes a intimé « darrêter de mettre en danger la vie des civils en lançant des attaques depuis les zones civiles », « darrêter dattaquer les convois humanitaires » et de respecter les principes humanitaires ».

Le Secrétaire général adjoint a rappelé que 14.700 humanitaires restaient sur le terrain et faisaient face à laccroissement des violences.

Depuis le début de 2008, le pourcentage de détournements de convois humanitaires sest accru de 350% par rapport aux chiffres alarmants de 2007.

En 2008, 42 bâtiments humanitaires ont été attaqués, six travailleurs humanitaires tués. Cent-six véhicules ont été détournés : 46 appartenant à lONU et à des organisations non gouvernementales (ONG) et 60 sous contrat avec le Programme alimentaire mondial (PAM). Un chauffeur du PAM a été tué et 26 sont portés disparus.

Le Secrétaire général adjoint a prévenu contre la « marginalisation » et même la « militarisation » des populations dans les camps de réfugiés surpeuplés depuis cinq ans.

« Chaque mois qui passe rendra le retour à la normale plus difficile », a-t-il souligné.

Source : ONU

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