La Journée mondiale de l’alimentation célébrée sur fond de crise

La Journée mondiale de l’alimentation est célébrée cette année sur fond de crise alors que l’envolée des prix des denrées alimentaires et des carburants a déjà plongé 75 millions d’êtres humains supplémentaires dans la faim et la pauvreté.« Cette tragédie humaine aux dimensions colossales survient alors que nous luttons pour tenir la promesse faite dans le premier objectif du Millénaire pour le développement de réduire de moitié la faim et la pauvreté avant 2015 », a constaté jeudi le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon dans un message à l’occasion de cette Journée mondiale.

Selon lui, « la situation serait déjà bien assez alarmante si elle ne concernait que la faim, mais quand la pénurie est aussi étendue, elle déclenche d’autres menaces, depuis les troubles sociaux jusqu’à la dégradation de l’environnement, tout en compromettant les conditions de vie d’une génération entière ».

Avant même que les prix aient commencé à monter, 800 millions d’êtres humains se couchaient tous les soirs l’estomac creux, souligne M. Ban.

Les effets des changements climatiques, dont le risque accru de sécheresse, la pluviométrie plus instable et les phénomènes météorologiques extrêmes, menacent d’en exposer des millions d’autres à la malnutrition et à la pénurie d’eau.

Et maintenant, avec la hausse des prix de l’énergie et celle du prix des denrées alimentaires, lequel a plus que doublé en l’espace d’une seule année, 100 millions d’êtres humains de plus risquent de se trouver affamés et indigents.

Selon le Secrétaire général, face à ces défis d’ampleur mondiale, la réaction doit être aussi mondiale : « Ce ne sont pas des crises passagères, il faudra, pour en venir à bout, que gouvernements, donateurs, organisations internationales et régionales, société civile et secteur privé s’en occupent avec persévérance pendant des années ».

Le directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Jacques Diouf, a appelé à relancer les efforts politiques et financiers pour développer l’agriculture durable dans les pays pauvres, doubler la production vivrière et libérer le monde de la faim et de la malnutrition.

Nous savons ce qu’il faut faire pour éradiquer le fléau de la faim qui afflige 923 millions de personnes dans le monde. Nous savons également ce qu’il faut faire pour doubler la production vivrière mondiale et nourrir une population qui va passer à 9 milliards d’habitants à l’horizon 2050, a-t-il dit à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de l’alimentation à Rome.

Faisant remarquer que 22 milliards de dollars ont été engagés cette année pour promouvoir la sécurité alimentaire mondiale mais que seulement 10% de ces promesses de contributions, essentiellement destinées à l’aide alimentaire d’urgence, s’étaient jusqu’à présent concrétisées, M. Diouf a déclaré: Il faut cependant la volonté politique et le respect des engagements financiers pour permettre de réaliser les investissements indispensables à la promotion d’un développement agricole durable et de la sécurité alimentaire dans les pays les plus pauvres du monde.

De son côté, le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter, a fustigé « la violation quotidienne du droit à l’alimentation pour des centaines de millions de personnes », qui découle d’une crise fondée sur un « système productif dépassé et inadéquat » plutôt que sur la véritable quantité de nourriture disponible.

« La lutte contre la faim dans le monde ne doit pas être confondue avec une lutte pour gonfler les volumes de production ni même pour faire baisser les prix », a-t-il déclaré dans un communiqué publié à Genève. La solution est au contraire de « s’assurer que l’augmentation de la production fera croître le revenu de ceux qui en ont le plus besoin : les petits agriculteurs qui peuvent à peine vivre de leur production, les paysans sans terre et les pêcheurs ».

Il faut donc réduire la différence entre le prix à la sortie de la ferme et le prix payé par le consommateur, afin que ce ne soit pas le petit producteur qui soit pénalisé, a dit M. De Schutter.

Cela passe notamment par la protection des producteurs de la concurrence déloyale des producteurs des pays industrialisés, le renforcement de leur capacité à négocier avec les multinationales de l’agriculture et l’utilisation d’intrants qui soient moins dépendants du prix du pétrole et des brevets de sociétés commerciales.

Source : FAO, ONU

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