Décryptages de guerres : Sri Lanka 1983-2009 – 2

Guerre au Sri Lanka (1983-2009) – Le sort de la population : le conflit vécu par les réfugiés et la diaspora tamoule. La population civile a été la principale victime du conflit opposant le gouvernement et les forces armées des LTTE ; on recense actuellement plus de 100 000 morts.Géographiquement, elle s’est retrouvée particulièrement encerclée dans le nord de l’île, aux alentours de la ville de Kilinochchi, le centre historique des LTTE. Le gouvernement a établi des camps de réfugiés, où plus de 110 000 individus y sont encore détenus (les chiffres néanmoins sont durs à estimer).
Ces camps se situent majoritairement dans le district de Vavuniya, et sont administrés par l’armée.
Les conditions de vie des réfugiés et des déplacés sont difficiles ; entourés de barbelés, ils sont soumis à une promiscuité importante du fait du surpeuplement, et la communication avec leurs familles à l’extérieur est rare.
La justification de ces camps par le gouvernement est d’ordre sécuritaire. Les militaires effectuent un contrôle de la population pour rechercher des terroristes potentiels. De plus, les autorités gouvernementales ont affirmé la volonté de déminer les terrains avant le retour des habitants.
Si le Haut commissaire aux réfugiés (HCR), organisation de l’Onu, surveille le bon déroulement de ces procédures, la communauté internationale a déjà souligné le manque de pertinence de ces camps après la fin des conflits.
Si le conflit a principalement touché la population à l’intérieur des frontières, il en va de même pour celle qui se trouve à l’étranger : la diaspora tamoule en est la plus représentative. Elle s’élève de 600 000 à 800 000 individus dans le monde.
Composée de nombreux réfugiés politiques, la diaspora s’est fortement mobilisée pendant le conflit.
La France connaît par exemple une forte population tamoule, en particulier à Paris, dans le quartier de la Chapelle. Elle a montré son soutien à la population sri lankaise et a condamné le conflit à plusieurs recours lors de manifestations.
De plus, la diaspora subi les aléas de la guerre à distance. D’une part, la communication avec la famille et les proches a été difficile, mais d’autre part, la diaspora tamoule a été sollicitée économiquement par les LTTE. Le groupe armé a imposé un impôt auprès des populations et des entreprises tamouls à l’étranger, qu’elles soutiennent ou non leur action. Ce prélèvement monétaire a servi à financer les différentes actions lors des combats. A titre de représailles, les populations tamouls se verraient refuser le retour au Sri Lanka.
Son immigration a également été rendue difficile par les pays occidentaux selon l’intensité du conflit. La dénomination des LTTE de « terroristes » n’a pas ici joué un rôle au hasard : de nombreux pays (comme le Canada) ont invoqué des raisons sécuritaires pour limiter ces flux migratoires.

Liza Kroh

Approfondir

Human Rights Watch défend les droits humains. Cet article explicite la pratique du « racket » des LTTE auprès de la diaspora tamoule, avec entre autres, des témoignages :
http://www.hrw.org/fr/news/2006/03/13/les-tigres-tamouls-rackettent-la-diaspora

Ici, un article universitaire d’Anthony Goreau-Ponceaud intitulé « La diaspora tamoule en France : entre visibilité et politisation ». Agrémenté de schémas, cartes et photos. Il y a une analyse intéressante du concept d’ « exopolitie » (S.Dufoix) :
http://echogeo.revues.org/index11157.html

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