Eau : 200 ans pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement

En 2000, le monde a fait la promesse que la moitié des 2,6 milliards de personnes sans eau potable ni installations dassainissement de base y auraient accès dici 2015. Mais les pays pauvres auront besoin de 18,4 milliards de $ supplémentaires par an pour atteindre cet Objectif du millénaire pour le développement (OMD), qui, à ce rythme ne sera réalisé quen 2200.En 1997, huit pour cent de laide au développement ont été affectés à leau et lassainissement ; en 2008, ce chiffre est passé à cinq pour cent seulement soit moins que les aides dédiées à la santé, léducation, les transports, lénergie et lagriculture, daprès le rapport GLAAS (Evaluation annuelle sur lassainissement et leau potable dans le monde, Global Annual Assessment of Sanitation and Drinking-Water), publié par le Fonds des Nations Unies pour lenfance (UNICEF) et lOrganisation mondiale de la santé (OMS).

Le Département britannique pour le développement international a affecté seulement 2,7 pour cent de ses financements à ce secteur en 2008-2009.

De plus, lessentiel de cette aide mondiale a été accordé à des pays à revenu intermédiaire, les pays à faible revenu nen recevant que 42 pour cent, daprès WaterAid, une ONG internationale travaillant pour favoriser laccès à leau potable, lassainissement et léducation sanitaire.

« La lenteur des progrès réalisés par les donateurs à léchelle mondiale freine les progrès sur tous les Objectifs du millénaire pour le développement, y compris [ceux concernant] la mortalité infantile et la scolarisation des filles au niveau de lécole primaire », a dit à IRIN Henry Northover, responsable des politiques de WaterAid.

« Lassainissement est lintervention de développement qui produit le plus de résultats en termes de santé publique, mais vous auriez du mal à trouver un seul donateur qui donne la priorité à lassainissement dans les pays à faible revenu ».

Dans le cadre dévaluations de la pauvreté, on observe que les populations pauvres de Zambie, dOuganda, du Nigeria et du Cameroun classent généralement leau potable en première position de leurs priorités. « Nous pensons que si les pauvres ne sont pas entendus lorsquils classent systématiquement leau en première position, cest en partie parce que cest pour les femmes que le fardeau [daller chercher de leau chaque jour] est de loin le plus lourd, et que, souvent, la voix [des femmes] est peu entendue », a dit M. Northover.

Quels sont les besoins ?

Le 22 avril, des ministres et décideurs politiques de 30 pays ont participé à la première « Réunion de haut niveau » sur leau et lassainissement à Washington, aux Etats-Unis, où ils ont discuté de laction politique et financière nécessaire pour accélérer laccès à leau et lassainissement.

Des ONG appellent les gouvernements à inverser la répartition des aides dans le domaine de leau et de lassainissement, de façon à ce que 70% des aides soient affectés aux pays à faible revenu, et à participer à linitiative « Assainissement et eau pour tous » lancée le 23 avril par des gouvernements, des banques multinationales, des agences des Nations Unies et des ONG travaillant dans le domaine de leau et de lassainissement, dans le but daméliorer les performances insuffisantes du secteur.

Un représentant dun donateur, qui a souhaité conserver lanonymat, a dit à IRIN : « Le défi est de sassurer que laccent soit mis sur les pays les plus pauvres, car le pourcentage actuel nest pas assez élevé. Nous pourrions tous faire mieux pour cibler nos ressources ».

Pourquoi un tel retard ?

Le manque dengagement des bailleurs est « symptomatique dun problème plus vaste du système de laide humanitaire », a dit M. Northover à IRIN. « [Il existe une tendance] importante chez les bailleurs, qui consiste à financer en masse [la lutte contre] les maladies ou des secteurs du développement qui sont déterminés par leurs propres préférences plutôt que par des preuves, ou par ce que disent les pauvres ».

Si les pays à revenu intermédiaire reçoivent la plus grande partie de laide, cest sans doute notamment parce quils ont une plus grande capacité à labsorber, a dit M. Northover.

Daprès M. Northover, les gouvernements des pays en développement ne donnent pas souvent la priorité à leau et à lassainissement, mais cela pourrait être parce quils alignent leurs priorités sur ce quils pensent être les priorités des donateurs. Cependant, selon le représentant du donateur interrogé par IRIN, les bailleurs changent actuellement dapproche, et laide affectée au secteur est aujourdhui en hausse.

Source : IRIN (communiqué)

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