Journée de la Femme : de gros progrès à faire

Un siècle après l’instauration d’une Journée internationale dédiée aux femmes, l’ONU célèbre les progrès réalisés dans la longue marche vers leur émancipation, tout en rappelant que les gains réalisés ne doivent pas faire oublier les efforts immenses à fournir pour éliminer les inégalités qui persistent et favoriser l’accès à l’éducation, à la santé, au travail et à la prise de décision économique ou politique des femmes.« Dans trop de pays et de sociétés, les femmes restent des citoyennes de seconde classe. Bien que l’écart entre les sexes se soit réduit dans l’éducation, de profondes différences demeurent dans tous les pays, et beaucoup trop de filles se voient encore dénier le droit d’étudier, quittent trop prématurément l’école ou achèvent leur scolarité avec peu de compétences et d’opportunités d’emplois », a déclaré mardi le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, dans un message adressé à l’occasion de la Journée internationale de la femme.

« Les femmes et les filles continuent de subir des discriminations et violences inacceptables, souvent de la part de leurs propres partenaires ou proches. A la maison ou à l’école, au travail ou dans leur communauté, être une femme, c’est trop souvent être vulnérable », a-t-il poursuivi, avant de souligner que cette vulnérabilité avait encore plus d’impact dans les zones de conflit, où « la violence sexuelle est délibérément et systématiquement utilisée pour intimider des communautés entières ».

Rappelant ensuite la place de plus en plus importante prise par les femmes dans la prise de décision politique, notamment dans les parlements nationaux, Ban Ki-moon a rappelé que moins de 10% des chefs d’tat ou de gouvernement de la planète étaient aujourd’hui des femmes. Même « quand les femmes sont au premier plan dans la politique, elles sont souvent largement sous-représentées dans d’autres domaines, notamment les plus hauts niveaux de direction des entreprise privées ou de l’industrie », a-t-il ajouté.

Pour le Secrétaire général, « ce n’est que par la pleine et égale participation des femmes à tous les domaines de la vie publique et privée » que le monde peut « espérer parvenir à la société juste, pérenne et pacifique promise dans la Charte des Nations Unies ».

De son côté, Michelle Bachelet, la Directrice de l’ONU-Femmes, la nouvelle agence dédiée aux femmes, a souligné les progrès réalisés depuis la mobilisation des femmes le 8 mars 1911, qui a marqué la première Journée internationale de la femme. A l’époque, deux pays seulement leur accordaient le droit de vote, alors qu’aujourd’hui elles ont le droit de vote dans la quasi-totalité des pays de la planète et sont élues pour diriger des gouvernements sur tous les continents.

« Je soupçonne les courageux pionniers qui se pencheraient sur notre monde d’aujourd’hui d’avoir un mélange de fierté et de déception », a-t-elle poursuivi, estimant que s’il y avait effectivement eu « des progrès remarquables » au cours du siècle passé, avec « une extension sans précédent de la reconnaissance des droits des femmes », constituant « l’une des révolutions sociales les plus profondes que le monde ait connu », « les espoirs d’égalité exprimés lors de la première Journée internationale des femmes sont loin d’être réalisés ».

Michelle Bachelet a ainsi rappelé que « près des deux tiers des adultes analphabètes sont aujourd’hui des femmes, que les filles ont beaucoup moins de chance d’être scolarisées que les garçons, que toutes les 90 secondes une femme meurt pendant une grossesse ou un accouchement, en dépit des connaissances et des ressources existantes permettant aux naissances de se dérouler en toute sécurité », a-t-elle ajouté.

La Directrice de l’ONU-Femmes, qui a été auparavant la première femme élue à la présidence du Chili, a enfin souligné le faible niveau de représentation politique des femmes : 19% des parlementaires de la planète, 8% des négociateurs de paix, et 28 femmes chefs d’tat ou de gouvernement sur plus de 192 pays.

« J’ai vu moi-même ce que les femmes, souvent dans les pires circonstances, pouvaient faire pour leurs familles et leurs sociétés quand on leur en donne l’occasion. La force et la sagesse des femmes restent la plus grande ressource inexploitée de l’humanité. Nous ne pouvons pas attendre encore 100 ans pour utiliser ce potentiel », a-t-elle conclu.

A l’occasion de cette journée, la Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, a pour sa part consacré son message « aux femmes courageuses » qui ont participé aux soulèvements populaires en Tunisie et en Egypte. « Le travail est loin d’être terminé », a-t-elle estimé, car « dans ces moments de transition historique, il est important de veiller à ce que les droits des femmes ne sont pas écartés, comme quelque chose à traiter après les réformes cruciales gagnées ». « Les droits des femmes doivent être au sommet de la liste des nouvelles priorités », a-t-elle insisté.

Navi Pillay s’est également inquiétée de voir les grandes révisions constitutionnelles et réformes lancées dans ces pays, sans une pleine participation des femmes. « En fait, il y a des signes inquiétants dans le contenu de certaines réformes proposées en Egypte, qui sont discriminatoires. Les femmes et les hommes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord doivent veiller à ce que cela ne soit pas le cas », a-t-elle ajouté.

Célébrant aussi cette journée, la Directrice de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Chan, a quant à elle tenu à souligner les avancées réalisées dans la reconnaissance des droits des femmes et l’amélioration de leur santé, avec les réformes de l’âge minimum du mariage, le consentement sexuel, l’avortement sans risques, la contraception, la mammographie ou les progrès réalisés pour mettre fin à la violence sexuelle et sexiste, notamment les mutilations génitales.

« Nous restons évidemment confrontés à d’immenses défis », a-t-elle poursuivi. « Les taux de mortalité maternelle et les taux de contamination au VIH/Sida sont encore trop élevés parmi les jeunes femmes, la consommation de tabac des femmes est en augmentation, les violences sexuelles restent généralisées, et il y a un fardeau de plus en plus lourd à porter pour elles, les maladies non transmissibles », a conclu la chef de l’OMS, citant notamment les conséquences du manque d’éducation sur la fertilité, les taux de tabagisme ou encore la prévention des maladies sexuellement transmissible, en tête desquelles figure le VIH/Sida.

Source : ONU (communiqué)

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