Le nombre de femmes détenues dans le monde augmente plus vite que celui des hommes

Une jeune prisonnière, Haïti
Une jeune femme dans la prison pour femmes de Pétionville, banlieue de Port-au-Prince, Haïti. Photo : ONU/Victoria Hazou

Plus de 700 000 femmes sont actuellement emprisonnées dans le monde, et ce nombre augmente beaucoup plus rapidement que les hommes, a indiqué le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) lors d’un débat organisé par le Conseil des droits de l’homme à Genève.

Lors de ce débat mercredi 15 juillet sur les conditions de détention et sur la manière de faire davantage pour protéger les détenues pendant la crise de Covid-19, le HCDH a averti que la surpopulation carcérale avait causé de graves dommages.

« À l’échelle mondiale, les femmes représentent entre 2 et 10 % de la population carcérale, mais leur nombre augmente rapidement – plus rapidement que l’augmentation du nombre de détenus de sexe masculin », a déclaré Georgette Gagnon, Cheffe des opérations sur le terrain et de la coopération technique au HCDH.

« De nombreuses femmes détenues subissent des traitements inhumains et dégradants lors de leur arrestation, de leur interrogatoire et de leur garde à vue, notamment des fouilles corporelles invasives ; des viols et menaces de viol ; des ‘tests de virginité’ ; et d’autres actes, insultes et humiliations de nature sexuelle », a-t-elle ajouté.

Retombées de la prévention de la transmission de la Covid-19

Les orateurs du forum de Genève ont noté que la pandémie continuait de représenter une menace pour la santé physique et mentale des détenus et que les mesures pour arrêter la transmission rendaient leurs peines « beaucoup plus dures ».

La pandémie a « mis en lumière les défis systémiques qui sévissent dans les prisons depuis des décennies », a déclaré Sven Pfeiffer de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

« La surpopulation, conjuguée à de mauvaises conditions de détention et à un manque de capacité de gestion et de ressources sont des obstacles majeurs au respect des normes internationales », a-t-il ajouté.

Seuls 6 % ou moins de la population carcérale mondiale ont été libérés pour réduire le risque de transmission de la Covid-19, a déclaré Olivia Rope, Directrice des politiques et du plaidoyer international à l’ONG Penal Reform International.

Dans un appel à une réforme urgente et systémique, elle a demandé aux gouvernements d’appliquer les normes minimales convenues au niveau international pour les personnes en détention, appelées Règles Mandela et Règles de Bangkok.

La décennie écoulée a vu une prise de conscience croissante des besoins des femmes détenues en tant que groupe distinct grâce aux règles de Bangkok, a poursuivi Mme Rope. Il y a également eu des réformes des conditions d’isolement cellulaire, de meilleurs soins de santé et une formation pour le personnel pénitentiaire, grâce aux Règles Mandela.

Dignité pour les prisonniers

Mais « une réforme systémique à plus long terme » est nécessaire, respectant la dignité des personnes détenues, a soutenu Mme Rope.

Certains orateurs ont souligné que la hausse du nombre de détenus n’était pas due à une augmentation de la criminalité, mais plutôt à des décisions politiques.

D’autres ont noté qu’il avait été prouvé qu’investir dans le traitement approprié des détenus réduisait la récidive à la libération.

M. Pfeiffer, de l’ONUDC, a quant à lui insisté sur la nécessité de traiter la question des droits des détenus dans une perspective de genre qui ne laisse personne de côté.

Mettant en avant le programme Global Prison Challenges de son agence et des projets sur le terrain avec plus de 40 États membres, il a expliqué comment des femmes détenues en Bolivie ont appris la construction, la métallurgie et la menuiserie – compétences qu’elles peuvent utiliser une fois libérées.

Source : ONU

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