Afghanistan : face à une grave crise alimentaire à l’approche de l’hiver

Pour le peuple afghan, la crise actuelle pourrait bien être celle de trop. Déjà affligé par la guerre et l’insurrection, il doit maintenant faire face à une nouvelle épreuve : une grave crise alimentaire à l’approche de l’hiver.L’UNICEF, les institutions des Nations Unies et le gouvernement sont prêts au pire et ont pré-positionné des réserves mais à cause de l’insécurité, l’espace humanitaire se rétrécit comme une peau de chagrin. L’accès aux zones qui ont besoin d’aide a été bloqué.

« La situation est grave », affirme le responsable de l’UNICEF pour la nutrition en Afghanistan, le Dr Brandao Co. Une évaluation de la situation nutritionnelle a été menée conjointement par le gouvernement, l’ONU et les ONG dans les 22 provinces les plus touchées par la crise alimentaire.

« Nous allons voir plus d’enfants de moins de 5 ans qui souffrent de dénutrition. La dénutrition modérée a également augmenté ». « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider les populations et continuer à acheminer l’aide alimentaire et sanitaire parce qu’il y a là-bas des familles et des enfants qui ont désespérément besoin de notre assistance », ajoute-t-il.

A Bamyan, une des provinces les plus paisibles, les insurgés ont récemment mené des attaques contre les convois alimentaires sur la route qui vient du Pakistan et comme la sécheresse sévit en plus dans la région, les prix des denrées alimentaires se sont envolés, au-delà de ce que peuvent payer les gens ordinaires.

Dans ce paysage rocailleux, seules quelques tiges flétries émergent des terres craquelées par la sécheresse. A part quelques petites récoltes de pommes de terre, tous les produits alimentaires de base doivent être acheminés par la route.

Les gens d’ici ont toujours réussi à survivre aux longs règnes de terreur, aux hivers rudes et interminables et aux routes verglacées, mais la crise actuelle disent-ils, est sans précédent.

« Les attaques contre les convois obligent les camions à prendre d’autres routes, plus longues, et cela augmente les dépenses en carburant et les prix augmentent », explique Ameen Iqbal, un commerçant qui habite les collines, à deux heures de route environ de la ville de Bamyan. « Les prix sont au plus haut et cela a de grosses répercussions sur les gens. J’ai moins de clients parce qu’ils gagnent moins d’argent. Je ne vois pas comment on va s’en sortir. Mes clients me demandent un crédit mais je n’ai pas assez d’argent pour acheter de nouveaux produits alimentaires. Je ne vois pas comment les gens peuvent continuer à vivre. Les villageois n’ont pas de travail et ils vivent avec trois fois rien », ajoute-t-il.

Fatima Meetra n’a que 28 ans mais son visage buriné par le soleil et le vent a pris un teint cireux. Les dures corvées l’ont vieillie prématurément. Fatima et ses fils redoublent d’efforts pour survivre à la situation actuelle. Le père travaille comme maçon à temps partiel pas loin d’ici. Leur maison, une vaste pièce et une cuisine qu’ils partagent avec d’autres familles, est dominée par un grand métier à tisser sur lequel sont posés des rouleaux de laine colorée.

Ces jours-ci, ses trois garçons font marcher le métier à tisser. Ils travaillent plus longtemps à la fabrication de tapis pour augmenter le revenu de la famille mais ils continuent d’aller à l’école la moitié de la journée. Pas question, dit Fatima, de toucher à leur éducation :  » Il faut qu’ils aillent à l’école. Les gens qui ont reçu une éducation sont toujours les premiers et s’ils ne vont pas à l’école, ils ne sauront même pas reconnaître la droite de la gauche. Moi, je n’y suis pas allée et je suis toujours à la traîne parce que je ne sais pas lire et je ne sais pas ce qui se passe ».

Les habitants des villages ont constitué des réserves de pommes de terre et de tout autre produit sur lequel ils ont pu mettre la main mais les institutions d’aide craignent que la crise alimentaire n’aggrave la dénutrition des enfants. Déjà, quelque 67 % des enfants afghans de moins de 5 ans souffrent d’insuffisance pondérale et 54 % souffrent de dénutrition chronique – parmi les taux les plus élevés du monde.

Source : UNICEF

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