République démocratique du Congo : difficile alternance du pouvoir

Félix Tshisekedi, RDC
Félix Tshisekedi, RDC

Après deux années d’attente, la population de la République démocratique du Congo à enfin pu voter pour élire un nouveau président. Les élections du 30 décembre 2018, qui concernaient les présidentielles, législatives et provinciales en même temps, se sont déroulées dans un calme relatif et ont été saluées par la communauté internationale et l’ONU.

Le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, aurait dû laisser la place deux ans auparavant selon la constitution. Au bout de laborieuses négociations, il a enfin accepté de ne pas se représenter, fait unique dans l’histoire du pays.

Les résultats du scrutin ont mis plus de temps que prévu à être publiés, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ayant visiblement pris son temps au vu des difficultés liées à un immense pays dont les moyens techniques et financiers font cruellement défaut. Il est souvent reproché à cette commission de ne pas être si « indépendante » que cela vis-à-vis du pouvoir actuel. Toujours est-il que le candidat provisoirement élu, en attendant les résultats définitifs, est l’opposant Félix Tshisekedi, avec 38,57 % des voix.

Des doutes sérieux quant aux résultats de ces élections ont été émis par l’église catholique du pays, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), qui avait envoyé environ 40 000 observateurs dans près de 8000 bureaux de vote. Ces doutes ont été relayés par la France, l’Union européenne, le Conseil de sécurité de l’ONU et comme on peut s’en douter, par le candidat malheureux qui était donné favoris par les sondages Martin Fayulu (34,83 %). Celui-ci a déposé un recours en justice vendredi 11 janvier, et qui a commencé à être entendu par la Cour constitutionnelle le 15 janvier.
Félix Tshisekedi est suspecté d’entente avec Kabila afin de permettre à ce dernier d’exercer encore le contrôle sur les institutions et le pays jusqu’au prochain scrutin de 2021, lors duquel il pourrait à nouveau se représenter.

La Cour constitutionnelle devait normalement annoncer les résultats définitifs le 15 janvier, et le nouveau président prêter serment le 18 janvier. Ces dates ont été repoussées au regard des événements en cours et des violences qui parsèment certaines régions du pays.

Un semblant d’alternance du pouvoir se profile malgré tout, le candidat de M. Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary, étant arrivé en 3e position (23,84 %), loin derrière les deux principaux candidats. Par contre, les résultats des législatives placent largement en tête l’actuel pouvoir. Le prochain président devra donc gouverner en cohabitation avec une assemblée acquise au pouvoir sortant.
Enfin, depuis le 30 décembre, internet et les communications (sms) sont globalement et volontairement coupés dans tout le pays, un intolérable atteinte aux droits humains.

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