Une femme sur trois dans le monde est victime de violence physique ou sexuelle

Femme en Inde
En Inde, les jeunes femmes expriment leurs sentiments à l’égard de la violence sexiste. Photo : UNICEF/Vinay Panjwani

Une femme sur trois continue d’être victime de violence physique ou sexuelle de la part d’un partenaire intime ou de violence sexuelle de la part de quelqu’un d’autre que son partenaire au cours de sa vie et cette violence débute très tôt, a déploré mardi l’Organisation mondiale de la santé (OMS) citant les données alarmantes publiées dans un nouveau rapport conjoint.

« La violence à l’égard des femmes est endémique dans tous les pays et toutes les cultures, causant des dommages à des millions de femmes et à leurs familles, et elle a été exacerbée par la pandémie de Covid-19 », a regretté le Directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Mais contrairement à la Covid-19, la violence à l’égard des femmes ne peut être stoppée par un vaccin », a ajouté le Dr Tedros, appelant les gouvernements, les communautés et les individus, à la combattre par des efforts « profonds et soutenus » les « comportements néfastes », à améliorer l’accès aux opportunités et aux services pour les femmes et les filles et à favoriser des relations saines et mutuellement respectueuses ».

Les jeunes femmes sont parmi les plus à risque

Selon l’OMS et ses partenaires, cette violence commence tôt : une jeune femme sur quatre, âgée de 15 à 24 ans, ayant eu une relation de couple aura déjà été victime de violence de la part d’un partenaire intime lorsqu’elle atteint l’âge de 25 ans.

La violence exercée par un partenaire intime est de loin la forme la plus répandue de violence à l’égard des femmes dans le monde (touchant environ 641 millions de personnes).

Toutefois, 6 % des femmes dans le monde déclarent avoir été agressées sexuellement par quelqu’un d’autre que leur mari ou leur partenaire. Compte tenu des niveaux élevés de stigmatisation et de sous-déclaration des abus sexuels, le chiffre réel est sans doute beaucoup plus élevé.

Les situations d’urgence exacerbent la violence

Le rapport présente les données de la plus grande étude jamais réalisée sur la prévalence de la violence à l’égard des femmes, une étude conduite par l’OMS pour un groupe de travail spécial des Nations Unies, qui s’appuie sur les données de 2000 à 2018 et met à jour les estimations précédentes publiées en 2013.

Bien que les chiffres révèlent des taux déjà alarmants de violence à l’égard des femmes et des filles, ils ne reflètent pas l’impact toujours actuel de la pandémie de Covid-19.

L’OMS et ses partenaires alertent sur l’exposition accrue des femmes à la violence du fait de la pandémie de Covid-19, en raison de mesures telles que les confinements et des perturbations des services de soutien essentiels.

« Il est profondément inquiétant que cette violence généralisée des hommes contre les femmes non seulement persiste sans changement, mais qu’elle atteigne son pire niveau pour les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans qui peuvent aussi être de jeunes mères », a déclaré la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, précisant qu’il s’agissait des données d’avant la pandémie.

« Nous savons que les multiples conséquences de la Covid-19 ont déclenché une « pandémie occultée » de violence accrue contre les femmes et les filles », a ajoute Mme Mlambo-Ngcuka.

« Chaque gouvernement devrait prendre des mesures fortes et énergiques pour y remédier et impliquer les femmes dans ce processus », a-t-elle exhorté.

Bien que de nombreux pays aient constaté une augmentation des signalements de violence exercée par le partenaire intime aux lignes d’assistance téléphonique, à la police, aux agents de santé, aux enseignants et aux autres prestataires de services pendant les confinements, le plein impact de la pandémie sur la prévalence ne sera établi qu’au fur et à mesure de la reprise des enquêtes, note le rapport.

Les inégalités sont l’un des principaux facteurs de risque

La violence touche de manière disproportionnée les femmes vivant dans les pays à revenu faible ou à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Environ 37 % des femmes vivant dans les pays les plus pauvres ont été victimes de violence physique et/ou sexuelle de la part d’un partenaire intime au cours de leur vie, la prévalence s’élevant à une sur deux dans certains de ces pays.

Les régions de l’Océanie, de l’Asie du Sud et de l’Afrique subsaharienne ont les taux de prévalence de la violence exercée par un partenaire intime les plus élevés chez les femmes âgées de 15 à 49 ans, avec des taux allant de 33 % à 51 %. Les taux les plus bas sont constatés en Europe (16-23 %), en Asie centrale (18 %), en Asie de l’Est (20 %) et en Asie du Sud-Est (21 %).

Les jeunes femmes sont les plus à risque pour ce qui est de la violence récente. Parmi celles qui ont vécu une relation de couple, les taux les plus élevés (16 %) de violence conjugale au cours des 12 derniers mois sont signalés chez les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans.

La prévention est possible

La violence – sous toutes ses formes – peut avoir un impact sur la santé et le bien-être d’une femme tout au long de sa vie – longtemps même après que la violence a pu prendre fin.

Elle est associée à un risque accru de traumatismes, de dépression, de troubles anxieux, de grossesses non planifiées, d’infections sexuellement transmissibles, y compris le VIH, et de nombreux autres problèmes de santé.
Elle a des répercussions sur la société dans son ensemble et des coûts énormes, ce qui a une incidence sur les budgets nationaux et le développement global.

Pour prévenir la violence, il faut s’attaquer aux inégalités économiques et sociales systémiques, assurer l’accès à l’éducation et à un travail sûr, et faire évoluer les normes de genre et les institutions discriminatoires.

Réduire la stigmatisation autour de cette question

Les interventions réussies comprennent notamment des stratégies qui garantissent que les services essentiels sont disponibles et accessibles aux victimes, qui soutiennent les organisations de femmes, remettent en cause les normes sociales inéquitables, réforment les lois discriminatoires et renforcent les réponses juridiques.

« Pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, il est urgent de réduire la stigmatisation autour de cette question, de former les professionnels de la santé pour qu’ils interviewent les victimes avec compassion et de démanteler les fondements des inégalités entre les sexes », a déclaré la Dre Claudia Garcia-Moreno de l’OMS.

« Les interventions auprès des adolescents et des jeunes pour promouvoir l’égalité des sexes et des comportements équitables en matière de genre sont également vitales », a-t-elle ajouté.

Les pays doivent honorer leurs engagements en réaffirmant avec une plus grande détermination leur volonté politique et leur rôle directeur dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes sous toutes ses formes, moyennant :

  • des politiques efficaces visant à transformer les relations de genre, depuis les politiques en matière de garde d’enfants jusqu’à l’égalité salariale, et aux lois qui soutiennent l’égalité des genres ;
  • une réponse renforcée du système de santé qui assure l’accès à des soins centrés sur les victimes et l’orientation vers d’autres services au besoin ;
  • des interventions scolaires et éducatives visant à remettre en question les attitudes et les croyances discriminatoires, comprenant une éducation sexuelle complète ;
  • des investissements ciblés dans des stratégies de prévention durables et efficaces fondées sur des données probantes aux niveaux local, national, régional et mondial ; et
  • le renforcement de la collecte de données et des investissements dans des enquêtes de haute qualité sur la violence à l’égard des femmes, et l’amélioration de la mesure des différentes formes de violence vécues par les femmes, y compris celles qui sont les plus marginalisées.

Source : ONU, OMS

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