Au Venezuela, le président du parlement Juan Guaidó s’est autoproclamé président du pays par intérim tout en prêtant serment aujourd’hui 23 janvier, date anniversaire de la chute de la dernière dictature et proclamation de la démocratie en 1958. Un geste immédiatement reconnu par le président des États-Unis, M. Trump, suivi par le Canada et par l’Organisation des États américains (OEA), ainsi que le Brésil, la Colombie, le Pérou, le Chili et le Paraguay. Le Mexique a de son côté maintenu sa confiance dans les institutions en place et le chef de l’État Nicolás Maduro, réélu en mai 2018, qui a prêté serment pour un deuxième mandat de 6 ans le 10 janvier.
Il y a deux jours, 27 militaires avaient organisé un putsch militaire, raté, et appelé à l’insurrection avant de se retrancher dans une caserne du nord de Caracas, capitale du pays. Ils ont depuis été arrêtés.
Juan Guaidó est un opposant de Nicolás Maduro de 35 ans qui est membre du parti politique Volonté populaire (VP). Il fait figure de leader de la contestation au régime en place depuis quelques mois. Il est devenu président du parlement le 5 janvier dernier. Ce parlement est l’unique institution politique dirigée par l’opposition.
Aujourd’hui mercredi, des centaines de milliers de personnes défilent pour les deux camps, dans tout le pays. Une situation politique explosive, sous le regard d’une communauté internationale divisée. Le soulèvement contre l’actuel régime est appelé de ses voeux et fortement soutenu par les États-Unis, dont on s’étonne qu’ils soient les plus prompts à déclarer reconnaître Juan Guaidó comme président, M. Trump nous ayant plus habitué à soutenir et même préférer les régimes les plus autoritaires aux démocraties.
Le Venezuela détient l’une des principales réserves pétrolières mondiales, ce qui aiderait à expliquer en partie la situation. Le pays, en conflit larvé avec plusieurs de ses voisins, dont la Colombie et le Brésil plus récemment, subit un embargo économique de fait de la part des États-Unis, de la plupart des pays du Groupe de Lima et de l’Union européenne, embargo qui l’empêche notamment d’avoir accès à des médicaments ainsi qu’un grand nombre de produits de première nécessité. Les fluctuations des cours du pétrole, la corruption et la gestion souvent calamiteuse des ressources, le sous investissement dans les infrastructures ont également pesé dans la crise économique et sociale que vit le pays, dont l’économie repose en trop grande partie sur sa production d’hydrocarbures. Une dépendance qui a toujours été le talon d’Achille du Venezuela.