Soudan : Le dictateur el-Béchir renversé par l’armée

Omar el-Béchir
Omar el-Béchir, président-dictateur du Soudan, 2017. Photo : Kremlin

L’armée soudanaise vient de renverser le président dictateur du Soudan Omar el-Béchir par un coup d’État. Il a été destitué jeudi 11 avril au matin, et arrêté par les militaires avant d’être placé en détention dans un lieu tenu secret. Une junte militaire a pris le contrôle des institutions du pays, et entend conserver le pouvoir durant au moins deux ans. Le nouveau Conseil militaire de transition, dirigé dans un premier temps par l’ancien Premier vice-président et ministre de la défense Aouad Mohamed Ahmed Ibn Aouf, souhaite organiser des élections à l’issue de cette période. En attendant, la junte a instauré trois mois d’État d’urgence et un couvre-feu. Vendredi 12 avril, Aouad Mohamed Ahmed Ibn Aouf a démissionné à son tour, et est remplacé par le général Abdel Fattah Abdelrahman Bourhan à la tête du pays.

Arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1989, Omar el-Béchir a dirigé son pays d’une main de fer durant trois décennies, au mépris des droits humains fondamentaux. Il est d’ailleurs sous le coup de deux mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour génocide, crimes contre l’humanité et crime de guerre. Ses ordres ont directement menés à de nombreuses exactions au Darfour et dans le sud du pays, devenu indépendant en 2011 sous le nom de Soudan du Sud.

La situation économique du Soudan est catastrophique. Le chômage concerne officiellement 20 % de la population active, l’inflation a grimpé à 70 % en 2018, et la pauvreté touche désormais près de 50 % de la population. Un échec patent dû à son exercice du pouvoir au profit de ses proches.

Mais le nouveau coup d’État ne risque pas d’arranger la situation. En effet, ce sont des membres de son gouvernement qui ont pris le pouvoir par la force, excluant de la période de transition la société civile, dont les très nombreux manifestants des derniers mois ainsi que l’opposition politique. L’ONU et le Conseil de sécurité ont appelé à la modération durant cette période, où l’on craint la réaction des militaires face à la contestation de la rue.

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