Toujours plus de ventes d’armes dans le monde

Fabrication d'un avion de combat russe Sukhoi Su-30
Fabrication d’un avion de combat russe Sukhoi Su-30. Photo : Robert Sullivan

Le monde est fou. De plus en plus fou. Fou des armes. En tous genres. Le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) vient de publier un rapport concernant les ventes de l’industrie mondiale de l’armement en 2018. Cette industrie, l’une des plus importantes du monde, a vu ses ventes croître de +4,6 % en 2018. Les États-Unis dominent outrageusement le classement mondial, avec les cinq premières places occupées par ses entreprises.

Les ventes d’armes et de services à caractère militaire par les 100 plus grandes entreprises du secteur (à l’exception de celles de la Chine) totalisent 420 milliards de dollars en 2018, soit une augmentation de 4,6 % par rapport à l’année précédente, selon les nouvelles données publiées dans le Top 100 du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI).

Les nouvelles données du SIPRI sur l’industrie de l’armement montrent que les ventes d’armes et de services à caractères militaires par les entreprises figurant dans le Top 100 ont augmenté de 47 % depuis 2002 (année à partir de laquelle des données comparables sont disponibles pour la première fois). La base de données exclut les entreprises chinoises en raison du manque de données permettant une estimation fiable.

Les entreprises américaines dominent le Top 100, avec une nette tendance aux grandes fusions

Pour la première fois depuis 2002, les cinq premières places du classement sont détenues exclusivement par des entreprises d’armement basées aux États-Unis : Lockheed Martin, Boeing, Northrop Grumman, Raytheon et General Dynamics. Ces cinq entreprises représentent à elles seules 148 milliards $ de ventes, soit 35 %, du total des ventes d’armes du Top 100 en 2018. Le total des ventes d’armes des entreprises américaines figurant dans le classement s’élève à 246 milliards $, soit 59 % de l’ensemble des ventes d’armes réalisées par le Top 100. Cela représente une augmentation de 7,2 % par rapport à 2017. En 2018, l’évolution importante dans l’industrie de l’armement aux États-Unis est la tendance croissante à la consolidation de certains des plus grands producteurs d’armes. Par exemple, deux des cinq premiers, Northrop Grumman et General Dynamics, ont réalisé des acquisitions de plusieurs milliards de dollars en 2018. « Les entreprises américaines se préparent au nouveau programme de modernisation des armes, annoncé en 2017 par le président Trump », souligne Aude Fleurant, directrice du programme Armes et Dépenses militaires du SIPRI. « Les grandes entreprises américaines fusionnent pour pouvoir produire la nouvelle génération de systèmes d’armes et ainsi être en meilleure position pour remporter des contrats avec le gouvernement américain ».

Les ventes d’armes des entreprises russes restent stables

Les ventes d’armes combinées des 10 entreprises russes figurant dans le classement 2018 s’élèvent à 36,2 milliards $, soit une légère baisse de 0,4 % par rapport à 2017. Leur part dans le total des ventes du Top 100 est passée de 9,7 % en 2017 à 8,6 % en 2018. Cela peut s’expliquer par un total plus élevé du Top 100 en 2018, provoqué par des augmentations de ventes d’armes d’autres pays, notamment les ventes combinées des entreprises américaines et européennes. Les tendances sont contrastées entre les 10 entreprises russes figurant dans le Top 100 : cinq d’entre elles enregistrent une augmentation de leurs ventes d’armes, tandis que les cinq autres une baisse. Le premier producteur d’armes russes, Almaz-Antey, est la seule entreprise russe à figurer dans le Top 10 (9e rang) et concentre 27 % du total des ventes d’armes des entreprises russes figurant dans le Top 100. Les ventes d’armes d’Almaz-Antey ont augmenté de 18 % en 2018, à 9,6 milliards $. « Les ventes d’armes d’Almaz-Antey, plus grand producteur d’armes en Russie, continuent d’augmenter en 2018 » souligne Alexandra Kuimova, chargée de recherche au programme Armes et Dépenses militaires du SIPRI. « Cette augmentation est non seulement due à une forte demande intérieure, mais aussi à l’augmentation des ventes à d’autres pays, notamment du système de défense aérienne S-400 ».

Les ventes d’armes augmentent pour les entreprises françaises, mais diminuent pour les entreprises britanniques et allemandes

Les ventes d’armes combinées des 27 entreprises européennes figurant dans le Top 100 ont légèrement augmenté en 2018, pour atteindre 102 milliards $. Les ventes d’armes des entreprises basées au Royaume-Uni ont diminué de 4,8 % pour atteindre 35,1 milliards $, mais elles demeurent les plus élevées d’Europe. BAE Systems (6e rang) est le plus grand producteur d’armes au monde, en dehors des États-Unis. Ses ventes d’armes ont chuté de 5,2 % en 2018, pour atteindre 21,2 milliards $. « Six des huit entreprises britanniques figurant dans le Top 100 rapportent une réduction des ventes d’armes en 2018 », précise Nan Tian, chargé de recherche au programme Armes et Dépenses militaires du SIPRI. « Cela est dû en partie aux retards pris dans le programme de modernisation des armements du Royaume-Uni. »

Les ventes d’armes combinées des entreprises françaises figurant dans le Top 100 sont les deuxièmes plus importantes d’Europe, à 23,2 milliards $. « L’augmentation globale des ventes d’armes des 6 entreprises françaises figurant dans le Top 100 du SIPRI, résulte principalement d’une augmentation de 30 % des ventes du constructeur d’avions de combats Dassault Aviation », souligne Diego Lopes da Silva, chargé de recherche au programme Armes et Dépenses militaires du SIPRI.

Le total des ventes combinées des 4 entreprises allemandes productrices d’armement, figurant dans le classement, a diminué de 3,8 %. « Une augmentation des livraisons de véhicules militaires par Rheinmetall, plus grande entreprise d’armement basée en Allemagne, a été contrebalancée par une baisse des ventes du constructeur naval ThyssenKrupp », précise Pieter D. Wezeman, chercheur principal au programme Armes et Dépenses militaires du SIPRI.

Autres développements notables dans le Top 100

  • 80 des 100 plus grands producteurs d’armes en 2018, sont basés aux États-Unis, en Europe et en Russie. Sur les 20 restants, 6 sont basés au Japon ; 3 en Israël, en Inde et en Corée du Sud, respectivement ; 2 en Turquie et 1 en Australie, au Canada, et à Singapour.
  • Les ventes d’armes combinées des six entreprises japonaises restent relativement stables en 2018. Avec 9,9 milliards $, elles représentent 2,4 % du total du Top 100.
  • Les ventes d’armes des 3 entreprises israéliennes, d’un montant de 8,7 milliards $, représentent 2,1 % du total du Top 100. Elbit Systems, Israel Aerospace Industries et Rafael ont augmenté leurs ventes en 2018.
  • Les ventes d’armes combinées des 3 entreprises indiennes figurant dans le Top 100 s’élèvent à 5,9 milliards $ en 2018, soit une baisse de 6,9 % par rapport à 2017. Cette diminution résulte principalement de la baisse significative des ventes d’armes d’Indian Ordnance Factory.
  • Les ventes d’armes combinées de 3 entreprises basées en Corée du Sud s’élèvent à 5,2 milliards $ en 2018, soit 1,2 % du total du Top 100. L’ensemble de leurs ventes d’armes en 2018 est supérieur de 9,9 % à celui de 2017. Toutefois, LIG Nex1 inverse cette tendance, ses ventes ayant chuté de 17 % en 2018. Le constructeur naval DSME, classé en 2017, ne figure plus dans le Top 100 en 2018.
  • Les ventes d’armes des entreprises turques figurant dans le Top 100 augmentent de 22 % en 2018, pour atteindre 2,8 milliards $. La Turquie entend développer et moderniser son industrie d’armement et les entreprises turques continuent de bénéficier de ces efforts en 2018.

Les dépenses militaires continuent d’augmenter à un rythme alarmant. D’ici peu, environ 2000 milliards de dollars seront dépensés annuellement en armements et services militaires, en comptant non seulement les ventes d’armes, comme indiqué ci-dessus, mais également tous les autres types de dépenses que sont les soldes des personnels militaires, bâtiments, etc. Une gageure dans un monde qui devrait, bien au contraire, investir massivement dans son développement et moins gaspiller ses richesses.

Source : communiqué du SIPRI

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