L’immigration dans le monde

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Photo : Jean-Pierre

Les migrations internationales sont une composante majeure de l’histoire de l’humanité. Depuis la nuit des temps, les humains migrent, bougent, évoluent sur toute la planète en liberté. Enfin, jusqu’à ce que le concept étrange de frontières émerge. Au début, il s’agissait beaucoup plus de frontières naturelles entre des territoires, comme des montagnes, des fleuves. Puis vint le contrôle effectif, militaire principalement, d’un territoire donné à l’intérieur de lignes de partage avec l’extérieur. Extérieur considéré comme l’ennemi, la plupart du temps. Les États ainsi formés au long de l’histoire ont ensuite voulu contrôler le mieux possible cet espace, le défendre contre d’éventuels agresseurs, voire l’étendre, par la force généralement. Les raisons principales étant le contrôle des ressources. Terres, eaux, richesses minières.

Malgré ces développements géopolitiques historiques censés freiner les déplacements, les populations ont continué à migrer. Et même de plus en plus. De manière légale et tout à fait décomplexée la plupart du temps. Mais également afin d’échapper à un sort peu enviable : pauvreté extrême, conflits meurtriers, intimidations, vols de terres et de ressources, déplacements forcés etc. Des territoires considérés comme vierges, ou du moins presque vides, et remplis de potentiels économiques, se sont ainsi peuplés au fur et à mesure, comme les Amériques, l’Australie ou la partie asiatique de la Russie. Ces déplacements de populations ont fait varier grandement la proportion d’immigrés d’un pays à l’autre. Certains États comptent plus de la moitié de leur population d’origine immigrée, alors qu’elle est inférieure à 0,1 % dans d’autres.

L’ONU dénombrait 258 millions de migrants dans le monde en 2017. Un phénomène massif, certes, mais qui reste très relatif. En effet, il ne concerne que… 3,4 % de la population mondiale. En 1965, cette proportion était de 2,3 %. En 1990, elle était passée à 2,9 %.
Les humains vivent donc principalement dans leur pays de naissance.

Ce sont les États-Unis qui comptent le plus grand nombre d’immigrés au monde. Ils étaient 48,2 millions en 2015 selon l’Organisation des Nations unies. Viennent ensuite, très loin derrière, la Russie (11,6 millions), l’Arabie saoudite (10,8), l’Allemagne (10,2), le Royaume-Uni (8,4), les Émirats arabes unis (8), la France (7,9), le Canada (7,6) et l’Australie (6,7).

Mais en proportion de leur population totale, il en va tout autrement. Les Émirats arabes unis deviennent alors le pays le plus cosmopolite, avec 87,3 % de sa population d’origine immigrée, c’est-à-dire née à l’étranger. L’Arabie saoudite en compte 34,1 %, la Suisse (29 %), l’Australie (28,2 %), le Canada (21 %), l’Autriche (17,2 %), les États-Unis (15,1 %), le Royaume-Uni (12,9 %), l’Espagne (12,7 %), l’Allemagne (12,5 %), la France (12,3 %).

Globalement, les pays de petite taille hébergent souvent une plus grande part d’immigrés, ou de réfugiés. Le Liban par exemple, accueille environ 20 % de réfugiés sur son territoire, en provenance des pays en guerre (Syrie) ou en conflit larvé (Palestine) de la région. Mais dans certains pays, ce sont les conditions de vie et l’économie en bonne santé qui attirent, comme au Luxembourg (46 % d’immigrés) ou en Suisse (29 %).

Certains grands pays attirent peu de monde, comme l’Inde (0,4 %), la Chine (0,07 %), le Brésil (0,3 %) ou le Japon (1,7 %). Ces pays fournissent par contre beaucoup d’émigrés. L’Inde par exemple, est le pays qui fournit le plus grand contingent d’émigrés, avec 15,9 millions de personnes, soit 1,2 % de sa population. Le Mexique est deuxième, avec 12,5 millions (10 %) d’émigrés, principalement vers les États-Unis. Russie (10,4 millions, 7,2 %), Chine (9,7 millions, 0,7 %), Bangladesh (7,2 millions, 4,5 %) et Syrie (6,2 millions, 33,3 %) suivent.

Là encore, le classement change dès que l’on parle de proportion. Le pays ayant vu le plus de gens partir est la Bosnie-et-Herzégovine avec 45,6 %. Le Cap-Vert (41,8 %) et l’Albanie (38,9 %) se sont également vidés de leur population.

Autant certains pays sont très actifs en matière de migrations (le Royaume-Uni par exemple, qui compte 8,4 millions d’immigrés et 4,7 millions d’émigrés en 2015), autant d’autres semblent complètement fermés au phénomène, tel le Japon. Ce pays compte à la fois peu d’immigrés (1,7 %) et peu d’émigrés (0,6 %).

Longtemps cantonné à un déplacement des pays du nord vers les pays du nord et du sud, le monde a assisté à un véritable « renversement des flux migratoires », selon l’expression d’Alfred Sauvy. Désormais, ce sont les pays du sud, après la grande vague de décolonisation de la seconde moitié du 20e siècle, qui fournissent la plus grande part des migrants internationaux, avec des flux sud-sud (97 millions) et sud-nord (89 millions). Le flux nord-nord concerne un contingent de 57 millions de personnes, et le flux nord-sud est estimé à 14 millions.

Les migrations humaines sont un phénomène naturel et global, historique, et qui va en s’accentuant malgré les obstacles, tout en restant marginal parmi les populations. Les gens qui migrent le font généralement pour des raisons vitales, et il faut continuer à laisser les humains libres de leurs mouvements le plus possible.

Personne n’est illégal, tout le monde est né sur cette planète.

Source : Atlas de la population mondiale, Gilles Pison, 2019, Autrement

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