55 millions de déplacés dans le monde en 2020

Camp de réfugié inondé, Syrie
Camp de réfugié inondé après une tempête, Syrie. Photo : UNICEF

Le nombre de déplacés internes dans le monde a encore augmenté en 2020. On dénombre actuellement plus de 55 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays – un record -, dont 48 millions en raison de conflits et violences, selon le rapport annuel de l’Observatoire des situations de déplacement interne (an anglais Internal Displacement Monitoring Centre – IDMC) publié aujourd’hui jeudi 20 mai.

Au cours d’une année marquée par de violentes tempêtes et des conflits persistants, 40,5 millions de nouveaux déplacements ont été déclenchés à travers le monde par les catastrophes et les violences. C’est le chiffre le plus élevé depuis dix ans (22,4 millions en 2011).

« Il est particulièrement inquiétant que ces chiffres élevés aient été enregistrés sur fond de pandémie de Covid-19, alors que les restrictions de déplacement ont entravé la collecte de données et que moins de personnes ont cherché des refuges d’urgence par peur d’être infectées », a déclaré la directrice de l’Observatoire des situations de déplacement interne, Alexandra Bilak.

Monde - Déplacés (2020)
Monde – Déplacés (2020). Source : Observatoire des situations de déplacement interne

L’augmentation de la violence et l’expansion des groupes extrémistes en Éthiopie, au Mozambique et au Burkina Faso ont alimenté certaines des crises de déplacement aux évolutions les plus rapides au monde, selon le rapport mondial annuel de l’IDMC. Les conflits de longue durée, tels que ceux qui sévissent en République démocratique du Congo, en Syrie et en Afghanistan, ont également contraint un grand nombre de personnes à fuir.

« Chaque seconde, une personne a été forcée de fuir son domicile à l’intérieur de son propre pays l’année dernière. Nous ne parvenons pas à protéger les personnes les plus vulnérables contre les conflits et les catastrophes », a déclaré le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés, Jan Egeland.

Monde - Déplacés par les catastrophes (2020)
Monde – Déplacés par les catastrophes (2020). Source : Observatoire des situations de déplacement interne

Les événements météorologiques, principalement les cyclones, les tempêtes et les inondations, ont été à l’origine de 98 % des déplacements liés aux catastrophes. Des saisons cycloniques intenses dans les Amériques, en Asie du Sud et de l’Est, et dans le Pacifique, ainsi que des saisons des pluies prolongées au Moyen-Orient et en Afrique subsaharienne ont déraciné des dizaines de millions de personnes. À lui seul, le cyclone Amphan a provoqué le déplacement d’environ cinq millions de personnes au Bangladesh, En Inde, au Myanmar et au Bhoutan. La saison des ouragans dans l’océan Atlantique a été la plus intense jamais enregistrée avec 30 tempêtes répertoriées, dont les ouragans Iota et Eta qui ont touché 12 pays d’Amérique centrale et des Caraïbes.

Monde - Déplacés par les conflits (2020)
Monde – Déplacés par les conflits (2020). Source : Observatoire des situations de déplacement interne

La convergence des conflits et des catastrophes a conduit de nombreuses personnes à être déplacées pour la deuxième, voire la troisième fois, accroissant et prolongeant ainsi leur vulnérabilité. Beaucoup de ceux qui ont fui les inondations au Yémen avaient déjà été déracinés au moins une fois par la guerre civile.

Catastrophe au Honduras
Catastrophe au Honduras. Photo : Conseil norvégien pour les réfugiés

Le nombre de personnes vivant en situation de déplacement interne dans le monde est en constante augmentation depuis plus d’une décennie et a atteint un niveau record au 31 décembre 2020. 48 millions de personnes ont fui les conflits et la violence, et sept millions les catastrophes mais, compte tenu du caractère incomplet des données, ce dernier chiffre semble largement sous-estimé. Il y a maintenant deux fois plus de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays que de réfugiés.

Camp de réfugiés, République démocratique du Congo
Camp de réfugiés, République démocratique du Congo. Photo : Conseil norvégien pour les réfugiés

Cette année, le Rapport mondial sur le déplacement interne met l’accent sur les changements climatiques. L’augmentation des températures accroît l’intensité et la fréquence des aléas météorologiques, mais les changements climatiques ne sont pas les seuls facteurs de risque de déplacement. En effet, de nombreuses années de données supplémentaires seront nécessaires pour établir un lien direct.

Des progrès significatifs ont été réalisés dans l’élaboration de politiques nationales et régionales, et l’attention mondiale sur la question s’intensifie. Les pays commencent à investir dans des mesures proactives, telles que la relocalisation planifiée et des initiatives communautaires pour réduire le risque de déplacement. Il est essentiel de combler les lacunes en matière de données pour soutenir ces efforts et plaider en faveur d’un financement plus souple et prévisible.

« Les crises de déplacement résultent de nombreux facteurs interconnectés, notamment le changement climatique et environnemental, les conflits prolongés et l’instabilité politique. Dans un monde fragilisé par la pandémie de Covid-19, une volonté politique soutenue et des investissements dans des solutions locales seront plus importants que jamais », a déclaré Bilak.

Source : Observatoire des situations de déplacement interne, Genève

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